Productions végétales

Publié le 5 mars 2025

DIVERSIFICATION EN CULTURES FRUITIÈRES
Un groupe de travail vient de se créer à la Chambre d’agriculture

Le service productions végétales de la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne est régulièrement questionné sur les cultures fruitières émergeant - ou qui pourraient voir le jour - dans notre département. Face à l’augmentation des températures et au manque d’eau, ou encore tout simplement l’envie de tester une nouvelle production : kaki, agrumes, grenades… ou des cultures qui « reviennent », comme l’olivier, attirent.

L’idée de créer un groupe de travail sur ce thème s’est concrétisée avec une première réunion fin janvier. Les objectifs de cette rencontre : tout d’abord que les producteurs intéressés par ce type de diversification se connaissent, échangent sur leurs projets et évoquent leurs questionnements, puis réfléchir ensemble à l’accompagnement possible par la Chambre d’agriculture : « c’est vraiment le besoin des producteurs qui définit l’orientation de ce groupe », précise Maxime Crouzet, conseiller dans l’équipe « arboriculture et cultures légumières ».

De nombreux points à étudier avant de « sauter le pas »

Les raisons qui ont amené les participants à se déplacer sont diverses : replanter ou non des vignes vieillissantes, élargir sa gamme, chercher de la rentabilité ou encore le plaisir de découvrir une nouvelle production. Dans les projets des producteurs présents à cette réunion, l’olive revient dans les interrogations, mais aussi l’agrume - souvent évoqué comme un produit d’appel - le « kaki-pomme » (on nomme communément ainsi les variétés non-astringentes, à chair ferme), la grenade, la figue, la pistache, et bien d’autres. Les besoins pour développer ces idées portent généralement sur la mise en place de la culture et les itinéraires techniques de ces productions, pour l’instant peu connues dans le Tarn-et-Garonne. L’organisation du travail ainsi que les débouchés suscitent également des questions. Par ailleurs, la lutte contre le gel, l’accès à l’eau ou encore la protection des cultures sont aussi à étudier pour se lancer. Enfin, la recherche de contacts, tels que des pépiniéristes, est une préoccupation.

Une réflexion commune qui va se poursuivre

Des visites techniques sur ces cultures, ainsi que deux formations, ouvertes à tous, feront suite à ce premier groupe de travail.

Benjamin, participant à ce groupe, s’est lancé dans le kaki

Installé en 2019 à Moissac sur 3 hectares de prunes, la même surface en courges, un peu plus d’un hectare de raisins de table et 20 ares de pastèques, Benjamin Gely a choisi de se lancer dans le kaki. L’agriculteur en a planté 40 ares : la première moitié début 2023, l’autre fin 2024, pour un total de 500 arbres en axe. Le jeune producteur a souhaité intégrer ce groupe sur la diversification fruitière pour affiner ses connaissances : « Dans le groupe je suis venu chercher s’il y avait des techniques pour la conservation du kaki, comment lutter contre la mouche méditerranéenne, échanger aussi sur les stades de ramassage, le conditionnement et le stockage » « Et pourquoi pas, parler aussi d’autres cultures », en précisant : « Il faut toujours avoir un coup d’avance dans notre métier ! ». Pourquoi a-t-il choisi ce fruit ? « Je voulais une culture qui change un peu de l’ordinaire, en développement, et que je puisse conduire en bio, comme le reste de l’exploitation ». Il a opté pour les « kakis-pomme ». En effet les autres kakis, plus astringents, présentent une texture visqueuse et ne font pas toujours l’unanimité chez les consommateurs : « Aujourd’hui les gens veulent des choses faciles à manger, pas trop contraignantes ». Autre inconvénient : la récolte et le transport, encore plus délicats. Enfin, Benjamin ajoute qu’il prendra part aux visites techniques : « Il va falloir aller voir assez loin ce qui se fait ». Il est notamment intéressé pour voir comment d’autres exploitations ont mis en place l’irrigation sur cette culture, qu’il projette chez lui d’abord avec du goutte-à-goutte cette année, puis du micro-jet.

Raphaëlle Lenoble

 

 

 

Publié le 3 février 2025

Sur les hauteurs d’Auvillar, Lucas, jeune vigneron, propose aussi son huile d’olive
depuis l’an dernier

«Ne pas se diversifier pour se diversifier », mais plutôt capitaliser sur l’existant et tirer pleinement parti des atouts de son système d’exploitation. C’est ainsi que l’on pourrait résumer la réflexion de Lucas Froment, jeune vigneron qui a planté des oliviers sur son domaine à Auvillar.

En 2017, il reprend l’exploitation familiale : le domaine de Thermes, qui compte aujourd’hui une vingtaine d’hectares de grandes cultures en conventionnel (dont 3 ha en semences), 10 hectares de vignes en agriculture biologique, vinifié sur place, et, depuis peu, 2 hectares d’oliviers, également conduits en bio.

Un projet « qui fait sens » pour son exploitation

Lucas prend régulièrement du recul sur son activité. Plusieurs éléments l’ont amené à planter des oliviers. L’idée a germé avec ces 30 ares de vignes arrachées à cause de pieds malades : se pose alors la question de les remplacer. Dans un premier temps il pense à l’olivier comme un élément paysager qui embellira le site sur cette petite surface. Mais au-delà de l’aspect esthétique, il réfléchit à la globalité de son entreprise : proposer de l’huile d’olive à ses clients en complément du vin « fait sens », à l’image des modèles en Proven-ce ou en Italie. Le potentiel pédologique est là, la capacité de vente également - avec une clientèle en vente directe ou en circuit court via un réseau de cavistes et restaurateurs - et les travaux culturaux « ne se télescopent pas trop avec la vigne ». « L’olivier, c’est le point clé qui permet de s’intégrer (au système d’exploitation) techniquement, économiquement et en termes de marketing, d’image, donc on garde la main sur les prix, la valeur ajoutée. ». Au démarrage il rapporte que « la seule incertitude concernait les températures basses, mais on a vu que globalement le froid n’était pas un souci, ce n’est pas gélif chez moi ». Il a aussi rencontré la problématique des dégâts de gibiers sur la parcelle la plus éloignée de son habitation. Pour y faire face, il a dû mettre en place des clôtures.

Et techniquement parlant ? Ingénieur agronome formé à l’ENITA de Bordeaux, Lucas a de solides bases en agronomie, et la faculté de développer ses connaissances pour réussir l’implantation et la conduite des arbres. Il se réfère à la littérature scientifique, suit une formation avec l’interprofession et demande conseils auprès du moulin ou de son pépiniériste. Prudent, il a planté ses oliviers progressivement, à raison d’une soixantaine d’ar-bres par an depuis 2019, sur des surfaces qui étaient en jachères ou en céréales. Pourquoi petit à petit ? « J’ai choisi une plantation fractionnée et progressive pour prendre la mesure d’une culture qu’on connaît peu dans le Sud-Ouest ». Côté matériel, il a limité les investissements : « J’ai tout fait à l’économie », ne voulant pas « me mettre en difficulté sur quelque chose qui restera un atelier. ».

Une clientèle déjà présente

À l’image de la montée en gamme progressive des vins du domaine depuis une trentaine d’années, le vigneron souligne qu’il lui tenait à coeur de proposer une huile de qualité, « un positionnement haut de gamme, en lien avec celui du vin ». Avant de se lancer, il a réfléchi à l’organisation de son travail, mais aussi à l’équilibre financier de cet atelier. D’ailleurs s’il avait un conseil à donner pour se diversifier cela serait de « connaître sa finalité, où vendre et à combien, et taper juste économiquement ». Dans son cas Lucas précise que sa clientèle était prête à accueillir ce nouveau produit, et le système de vente de l’exploitation adapté à l’arrivée de l’huile d’olive. En effet la vente directe est bien développée depuis plusieurs années, ainsi que le réseau d’intermédiaires : plus de 50 % des ventes de vin se font à la ferme, et le reste en circuit court auprès de cavistes et restaurateurs. Lucas a eu le plaisir de vendre ses premières bouteilles d’huile d’olive avec une petite production l’an dernier, plus conséquente cette année avec 60 litres.

Pour la suite, l’augmentation des surfaces en oliviers n’est pas prévue, l’exploitant souhaitant que cela reste un atelier, la majorité de son temps de travail étant dédié à la vigne et au vin. En revanche l’agriculteur prévoit à court terme de transformer son huile sur le domaine. Habitué à l’organisation d’apéro-concerts l’été, il envisage aussi de développer les activités autour des arts de la table, en proposant par exemple des repas avec des chefs cuisiniers, en accord avec le vin et l’huile d’olive.

Raphaëlle Lenoble

 

Publié le 30 décembre 2024

Multiplication des semences biologiques :
une journée inter-départements dans le Tarn-et-Garonne

La Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne accueillait le 25 novembre dernier une journée sur la multiplication des semences en agriculture biologique, en partenariat avec la Chambre d’agriculture d’Occitanie et les Chambres d’agriculture de la Haute-Garonne et de l’Aude. Étaient aussi co-organisateurs : la Coopération agricole, l’interprofession des semences et plants (SEMAE), la Fédération Nationale des Agriculteurs Multiplicateurs de Semences (FNAMS) et le syndicat départemental des agriculteurs multiplicateurs de semences (SAMS) du 81. La société RAGT Semences est également intervenue. Ils invitaient ainsi les producteurs intéressés par le sujet à Albefeuille-Lagarde.

La matinée a été consacrée à des présentations en salle, complétées par des échanges autour d’affiches sur le thèmes. Après une pause repas assurée par des producteurs du réseau « Bienvenue à la ferme », la journée s’est poursuivie par une partie sur le terrain, avec un focus sur le matériel spécifique aux semences.

Une rencontre suite à un forum régional qui avait rassemblé 80 personnes

Anne Glandières, chargée de mission agriculture biologique à la Chambre régionale, a introduit la rencontre en recontextualisant ce travail sur les semences biologiques, qui a débuté en 2020 avec des webinaires. Cet événement à Albefeuille fait suite au succès d’un forum régional qui s’était ensuite tenu en 2021 à Revel, et avait alors rassemblé 80 participants, issus d’une dizaine de départements. En était ressortie l’envie de poursuivre les rencontres sur ce thème, à l’échelle interdépartementale. Mais la poursuite de ce travail s’était vue freinée par la crise covid limitant les rassemblements. Cette rencontre du 25 novembre dernier a donc relancé le projet.

Des experts disponibles dans le Sud-Ouest

Dans un premier temps, un point sur l’évolution du marché biologique français, la dynamique de production des grandes cultures biologiques et l’évolution des utilisations de semences biologiques était exposé. Régis Boisseau, délégué régional du SEMAE Sud-Ouest, est ensuite intervenu pour apporter des données en termes de surfaces. Rappelant aussi le rôle de cette interprofession, à savoir représenter l’ensemble des acteurs de la filière, soit 54 fédérations et associations professionnelles, et soulignant l’importance de faire consensus. Et de préciser : « Depuis que le SEMAE s’est ouvert aux semences biologiques, nous travaillons davantage en transversalité ». C’est en effet l’agriculture biologique qui a permis de créer la première commission transversale. La FNAMS, qui a pour mission d’élaborer des références agronomiques et économiques, de promouvoir la production de semences et de défendre les intérêts des agriculteurs multiplicateurs de semences, intervenait aussi. Installé depuis 25 ans sur l’exploitation familiale dans le Lot-et-Garonne, Yannick Pipino, président régional, a toujours produit des semences, qui représentent 70 % de son chiffre d’affaires. Et il y a 5 ans, il s’est lancé dans l’aventure du bio. Parmi les conseils tirés de son expérience et de son implication à la fédération, l’agriculteur a notamment insisté sur la contractualisation : « La partie contractuelle est très spécifique à la semence ; il y a des conditions requises au départ. », appuyant : « Il faut bien lire le contrat. ». Et concernant l’isolement : « La notion d’isolement est primordiale en production de semences, d’où l’intérêt de développer un réseau et de voir sur le long terme. Il faut aussi acheter du matériel en commun car c’est onéreux ». De plus, il recommande aussi de « bien poser les coûts de production, car c’est la base de tout ». À ce propos, un outil créé par la fédération est disponible pour accompagner les agriculteurs multiplicateurs de semences dans l’estimation de leur marge : « MargiSEM ». Enfin, « Bien choisir son partenaire [l’entreprise semencière] » et « bien s’entourer techniquement » lui semblent essentiels.

Par la suite, les présentations et échanges autour des affiches ont apporté des précisions sur la réglementation et la contractualisation ou encore sur les avantages et inconvénients de la production de semences potagères, fourragères et de semences de céréales et oléagineux. Des exemples d’itinéraires techniques ou encore les prérequis pour démarrer étaient aussi exposés.

L’après-midi, Jérôme Sarraute, agriculteur qui cultive 80 ha de maïs semences (en conventionnel) depuis de nombreuses années, a présenté son matériel au groupe.

Une autre journée sur ce thème a eu lieu la semaine suivante, le 2 décembre en Haute-Garonne.

Raphaëlle Lenoble