Productions végétales

Publié le 19 avril 2024

Pommes : éclaircissage en 2024

Depuis quelques années, nos vergers ont tendance à alterner d’avantage. Et des variétés comme Gala et Golden se comportent parfois un peu comme Fuji, avec de fortes alternances à l’arbre. Comment raisonner l’éclaircissage en fonction des situations ? Retour sur quelques fondamentaux avant de voir nos recommandations pour 2024. La saison 2024 démarre sur les chapeaux de roues, avec des floraisons très précoces. Les parcelles de Pink ont fleuri pendant le weekend end de Pâques (31 mars) et les autres variétés leur ont emboité le pas dans la semaine suivante (entre le 3 et le 6 avril) avec de très bonnes conditions climatiques. Nous arrivons donc relativement tôt à cette période cruciale pour la suite de la saison qu’est celle de « l’éclaircissage chimique » sur petits fruits…et pour certains, notamment en agriculture biologique (mais pas que) les hostilités ont démarré dès la fin mars avec les éclaircissages mécaniques (DARWIN) et chimiques sur fleur et boutons.

Améliorer le résultat de la parcelle
En préambule, il est sans doute utile de rappeler que l’objectif de l’éclaircissage n’est pas juste de faire tomber des fruits mais, ce faisant, d’améliorer le calibre, la coloration et le retour à fleur, afin d’améliorer le résultat économique de la parcelle. Chaque parcelle, en fonction de son volume de végétation, de sa variété…, a un potentiel de production optimum. Si la charge est supérieure à ce potentiel, la rame de calibre risque de dériver vers le bas et/ou le retour à fleur d’être compromis. Si la charge est inférieure, les calibres seront trop gros et les rendements trop faibles. L’objectif est donc de se rapprocher le plus possible de cet optimum de charge, et cela le plus précocement afin d’avoir les effets positifs escomptés sur le calibre et le retour à fleur. Les éclaircissages tardifs, comme l’éclaircissage manuel réalisé après la chute physiologique, n’ont que peu d’impact favorable sur le calibre et aucune incidence sur le retour à fleur. C’est pendant la période qui va du stade bouton rose (DARWIN, PRM 12) à 30-40 jours après la floraison (BREVIS tardif à 20 mm) que l’éclaircissage peut permettre une régulation suffisamment précoce de la charge. Les interventions les plus précoces (DARWIN, PRM 12, ATS…) sont les plus bénéfiques pour le retour à fleur et le calibre ; ce sont également les plus risquées vis-à-vis du gel.

Moduler la sévérité de l’éclaircissage
Pour moduler la sévérité de l’éclaircissage, nous disposons essentiellement de 2 voire 3 leviers que sont le choix des produits, le nombre de passages et la modulation de la dose. Le stade d’intervention (pour un produit donné) a longtemps été considéré comme le facteur prépondérant sur la sévérité de l’éclaircissage, en considérant que les éclaircissants faisaient tomber tous les fruits inférieurs à un certain diamètre. Cette croyance a été démentie par de de nombreux travaux d’expérimentation qui montrent que, pour un produit donné, il existe une « fenêtre d’efficacité » de quelques jours (ou de quelques mm) pendant lesquels les conditions climatiques auront plus d’incidence que le calibre précis. Le nombre d’interventions reste donc le principal levier pour moduler la sévérité de l’éclaircissage. 3 interventions seront généralement plus efficaces que 2 interventions qui seront-elles mêmes plus efficaces qu’une seule. Pour ce qui est des produits, même si les comparaisons sont assez difficiles de part des périodes et des conditions d’utilisation qui ne sont pas les mêmes, on peut considérer que l’association BREVIS + 6BA est généralement plus efficace que BREVIS seul et que l’association ANA + 6BA ; eux-mêmes plus efficace que la 6BA seule, elle-même plus efficace que l’ANA. La modulation de la zone de traitement (fermeture des jets du bas ou des faces nord) est souvent pratiquée pour limiter la sévérité de l’éclaircissage sur les zones de la frondaison mal éclairées et ou mal nouées. Enfin, pour le BREVIS, la modulation de la dose peut faire varier (assez fortement) la sévérité de l’intervention. Nous le constatons lors des traitements 1 rang sur deux, avec une concentration de produit (BREVIS) plus importante sur les feuilles et les fruits des rangs de passage et une plus grande sévérité de l’éclaircissage sur ces rangs-là. Ce n’est pas ou beaucoup moins le cas pour la 6BA ou l’ANA.

Jean-Louis Sagnes, Chambre d'agriculture 82

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Très forte nouaison

Publié le 5 avril 2024

Semis de tournesol : rechercher les conditions optimales

Le semis joue un rôle capital dans l’obtention d’un tournesol robuste et la réussite de la culture. Cette opération doit favoriser un démarrage rapide, réduire la durée d’exposition des jeunes plantules aux ravageurs de début de cycle, préserver un peuplement régulier et homogène, tout en limitant le risque mildiou.

Quelques points de vigilance sont à bien considérer pour atteindre ces objectifs de levée rapide et homogène, et de peuplement régulier.

Réaliser les dernières préparations sur sols ressuyés...

Après un hiver particulièrement humide, un certain retard a été pris dans les opérations de préparation au semis et de destruction des couverts végétaux . Pour autant, il est important de garder en tête qu’un passage d’outil dans des conditions d’humidité du sol inadaptées aura des conséquences négatives sur l’enracinement du tournesol. Et effet, le pivot du tournesol est très sensible aux ruptures de structure, tel que les zones de tassement ou le lissage à la profondeur de travail du sol. Il convient par conséquent d’attendre, avant de réaliser toute intervention, un ressuyage correct. L’idéal étant d’intervenir sur des sols friables sur toute la profondeur de travail : sous les doigts, les mottes s’émiettent sans coller et donnent de la terre fine. L’état d’humidité du sol doit donc être observé régulièrement. En présence d’un couvert en phase de croissance rapide (cas d’une féverole en préfloraison), de surcroit avec des températures douces, la surveillance doit être quotidienne.

...et viser un semis au plus tôt et idéalement avant le 15 avril

Un semis avant le 15 avril réalisé dans de bonnes conditions montre un avantage pour esquiver la contrainte hydrique estivale. Ce constat basé sur des éléments statistiques est corroboré par une analyse multivariée des enquêtes sur les pratiques culturales du tournesol réalisées par Terres Inovia entre 1996 et 2019 (sur treize campagnes). Celle-ci met en évidence un intérêt statistiquement significatif du semis précoce, sur la première quinzaine d’avril, par rapport au rendement. Cette tendance a en outre été observée sur les trois dernières campagnes de production. Si les conditions météo sont favorables, sans pluies abondantes au cours des prochains jours suivant le semis, tenir l’objectif d’un semis avant la mi-avril sera possible dans un grand nombre de situations. Précisons enfin que les dates de semis doivent être adaptées à la précocité de la variété choisie.

Ne décaler la date de semis que pour des raisons sanitaires

En situation de risque mildiou (symptômes observés par le passé), il est recommandé de retarder le semis si de fortes pluies sont annoncées dans les 5 jours. La contamination des plantules ayant lieu au moment de leur émergence, la présence d’eau libre durant cette phase favorise la germination des spores de mildiou qui vont alors infecter le tournesol.

En situation fortement infestée par des adventices estivales difficiles (ambroisie, datura, xanthium), la réalisation de faux-semis printaniers peut s’avérer un levier efficace. Cette pratique nécessite de décaler la date de semis pour laisser le temps aux adventices de lever, puis d’avoir une fenêtre climatique favorable pour les détruire. Ces conseils sont détaillés dans l’article sur la lutte contre l’ambroisie.

Ingrid Barrier, Pôle végétal CA82

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Publié le 5 avril 2024

Lutter contre l'ambroisie avant et au semis

Le printemps signifie le retour de l’ambroisie et donc les moyens à mettre en œuvre pour limiter sa nuisibilité.

 Méthodes de lutte

En raison de ses caractéristiques biologiques et de sa forte capacité d’adaptation, l’ambroisie n’est pas facile à éliminer des parcelles.
La lutte chimique montre ses limites (défauts d’efficacité, fortes pressions, résistance…) : une approche intégrée, avec un raisonnement à l’échelle de la rotation, est indispensable.

Leviers de lutte agronomique :

  • Introduction de cultures d’hiver dans la rotation
  • Gestion de l’interculture estivale
  • Faux-semis et décalage de la date de semis de la culture de printemps
  • Binage
  • Ecimage

La réussite ne sera possible que si plusieurs de ces leviers agronomiques sont combinés. Il est fondamental et obligatoire de raisonner à l’échelle de la rotation pour une bonne maîtrise de l’ambroisie.

Combiner et diversifier les moyens de lutte est essentiel !

Que ce soit en chimique ou en mécanique, intervenir au bon moment et dans de bonnes conditions est essentiel.
Les interventions doivent être effectuées aux bons stades des adventices et dans des conditions climatiques favorables. Ceci nécessite une observation régulière des parcelles.

Ingrid Barrier - Pôle Végétal CA82

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