Productions végétales

 Pommes : L’éclaircissage en 2023

Après 2 printemps troublés par des épisodes de gel, les floraisons qui vont bientôt démarrer semblent vouloir se dérouler dans de bonnes conditions... Comment adapter sa stratégie d’éclaircissage en fonction des variétés et des conditions climatiques ? Nous proposons nos recommandations pour 2023 après le rappel de quelques fondamentaux. En préambule, il est sans doute utile de rappeler que l’objectif de l’éclaircissage n’est pas juste de faire tomber des fruits mais, ce faisant, d’améliorer le calibre, la coloration et le retour à fleur, afin d’améliorer le résultat économique de la parcelle. Chaque parcelle, en fonction de son volume de végétation, de sa variété…, a un potentiel de production optimum. Si la charge est supérieure à ce potentiel, la rame de calibre risque de dériver vers le bas et/ou le retour à fleur d’être compromis. Si la charge est inférieure, les calibres seront trop gros et les rendements trop faibles. L’objectif est donc de se rapprocher le plus possible de cet optimum de charge, et cela le plus précocement afin d’avoir les effets positifs escomptés sur le calibre et le retour à fleur. Les éclaircissages tardifs, comme l’éclaircissage manuel réalisé après la chute physiologique, n’ont que peu d’impact favorable sur le calibre et aucune incidence sur le retour à fleur. C’est pendant la période qui va du stade bouton rose (DARWIN, PRM 12) à 30-40 jours après la floraison (BREVIS tardif à 20 mm) que l’éclaircissage peut permettre une régulation suffisamment précoce de la charge. Les interventions les plus précoces (DARWIN, PRM 12…) sont les plus bénéfiques pour le retour à fleur et le calibre ; ce sont également les plus risquées vis-à-vis du gel.

Adapter la stratégie d’éclaircissage
Pour moduler la sévérité de l’éclaircissage, nous disposons essentiellement de 2 voire 3 leviers que sont le choix des produits, le nombre de passages et la modulation de la dose. Le stade d’intervention a longtemps été considéré comme le facteur prépondérant sur la sévérité de l’éclaircissage, en considérant que les éclaircissants faisaient tomber tous les fruits inférieurs à un certain diamètre. Cette croyance a été démentie par de de nombreux travaux d’expérimentation qui montrent que, pour un produit donné, il existe une « fenêtre d’efficacité » de quelques jours (ou de quelques mm) pendant lesquels les conditions climatiques auront plus d’incidence que le calibre précis. Le nombre d’interventions reste donc le principal levier pour moduler la sévérité de l’éclaircissage. 3 interventions seront généralement plus efficaces que 2 interventions qui seront-elles mêmes plus efficaces qu’une seule. Pour ce qui est des produits, même si les comparaisons sont assez difficiles de part des périodes et des conditions d’utilisation qui ne sont pas les mêmes, on peut considérer que l’association BREVIS + 6BA est généralement plus efficace que BREVIS seul et que l’association ANA + 6BA ; eux-mêmes plus efficace que la 6BA seule, elle-même plus efficace que l’ANA. La modulation de la zone de traitement (fermeture des jets du bas ou des faces nord) est souvent pratiquée pour limiter la sévérité de l’éclaircissage sur les zones de la frondaison mal éclairées et ou mal nouées. Enfin, pour le BREVIS, la modulation de la dose peut faire varier (assez fortement) la sévérité de l’intervention. Nous le constatons lors des traitements 1 rang sur deux, avec une concentration de produit (BREVIS) plus importante sur les feuilles et les fruits des rangs de passage et une plus grande sévérité de l’éclaircissage sur ces rangs-là. Ce n’est pas ou beaucoup moins le cas pour la 6BA ou l’ANA.

 Viticulture : Destruction des couverts végétaux

La campagne 2023 va débuter dans les jours à venir pour la viticulture Tarn-et-Garonnaise. Il est temps de réfléchir à la date de la destruction de vos couverts végétaux. La campagne 2022, qui a connu des déficits en eau records nous oblige à revoir la gestion des sols pour permettre une meilleure filtrabilité de l’eau. Le couvert végétal possède plusieurs atouts comme la réduction de l’érosion, l’augmentation de la fertilité minérale ou une concurrence aux adventices qui permet de les limiter et de diminuer les intrants durant le désherbage. Ce couvert végétale possède aussi des atouts pour augmenter la capacité de rétention en eau avec l’augmentation de la Matière Organique des sols, la décompaction naturelle des sols et dans certaines conditions la réduction de l’évapotranspiration. Tous ces avantages demandent un suivi de votre couvert avec le choix des semences, la date de semis, la méthode de semis et enfin au début de la campagne la date ainsi que le choix des outils pour la destruction du couvert végétal. La destruction du couvert se fait au printemps, le choix de la date et du matériel se fait en fonction des objectifs fixés pour votre vignoble. Ainsi les deux éléments importants à prendre en compte sont la date et le matériel.

La date
Le choix de la date va dépendre de plusieurs facteurs :
Les objectifs : Si l’objectif est de réussir un engrais vert, la destruction du couvert au plus près des besoins de la vigne (stade 3 à 4 feuilles) est primordiale. Il faut bien se caler sur les cycles phénologiques, et non pas sur des dates calendaires lors de comparaisons avec d’autres vignobles ou d’autres années. Si l’objectif est la couverture de sol, il est impératif d’avoir une biomasse suffisamment importante pour réussir son mulch. Il faudra également viser un stade phénologique avancé du couvert après la floraison des principales espèces présentes dans le mélange, afin d’avoir des composés humiques stables comme la lignine.

Sofiane Alloum, Chambre d'agriculture 82

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 Bilan phyto Noyaux 2022 : La météo déroule le tapis rouge aux lépidoptères

Après les gros dégâts du gel, l’année phytosanitaire 2022 a été plutôt clémente, hormis les dégâts de carpocapse en prune et de suzukii en cerise. Mais la remontée de certains ravageurs comme les punaises est à surveiller de près.

 La météo fait la loi

D’un point de vue climatique, 2022 a été marquée par des épisodes de gel à nouveau très pénalisants début avril. Puis par un printemps-été très chaud et très sec.
Après un démarrage de végétation plutôt précoce mais sans excès, les arbres à noyau se sont retrouvés entre le stade floraison et le stade début nouaison au moment des gelées de printemps. Les nuits des 3, 4 et 5 avril, les températures sont descendues jusqu’à -6°C par endroits. Pour la 2e année consécutive, des secteurs entiers sont gelés à 100% en fruits à noyau. Certaines zones du département ont eu un degré plus chaud que l’an dernier et ont réussi à sauver une récolte, grâce aussi à de meilleures protections. De nouveaux secteur (coteaux de Moissac, Durfort Lacapelette, Saint Nazaire de Valentane…), réputés hors risque gels même en 2021, ont été à l’inverse très touchés. Et enfin, certains producteurs ont par endroits perdu l’intégralité de la récolte pour la 2e année de suite. Au final, on estime la production à environ 50-55% d’une récolte normale en 2022, tout comme en 2021.
Pour les producteurs qui avaient sauvé leur récolte du froid en avril, il a fallu s’adapter ensuite à la chaleur et la sécheresse excessive de mai à août. Les températures ont sur cette période été en moyenne de 2,6 degrés supérieures aux normales de saison. Sur ces 4 mois il n’est tombé (à Montauban) que 104mm de pluie contre 240mm en année normale.
D’un point de vue phytosanitaire, ces conditions météo quelques peu extrêmes ont d’abord avancé les récoltes précoces, puis bloqué les arbres pour ralentir les récoltes tardives. Le gel a laissé des traces de russet sur fruits et la chaleur a fait grimper les taux de sucre. La météo a également été favorable à certains bio-agresseurs et défavorable à d’autres. Retour en image sur la sélection officielle 2022…

 Les opportunistes

 La palme d’or revient cette année au carpocapse sur prunier qui a su tirer parti des conditions météo particulières au printemps. C’est la pression la plus forte de ces 10 dernières années pour ce ravageur en fréquence et en intensité (une majorité de parcelles avec présence, avec des intensités allant de quelques traces à des dégâts jusqu’au 30 ou 40% des fruits). Nous nous étions habitués à ce que le carpocapse ne réalise presque jamais de façon optimale sa première génération, et à ce que les stratégies phytosanitaires ajoutées à la confusion sexuelle suffisent à le faire oublier. Mais en 2022, le premier vol et les premières pontes de carpocapse se sont déroulées dans les conditions parfaites : chaleur au crépuscule favorable au vol, à l’accouplement, aux pontes et aux éclosions ; et quasi absence de pluie sur la période (à peine 5 jours de légère pluie sur 1,5 mois). En plus de ces conditions favorisantes, l’absence du produit le plus efficace utilisé jusque-là (Coragen) n’a pas aidé pour contenir en G2 et G3 les fortes populations engendrées en G1. Si les printemps chauds et secs venaient à se répéter ainsi, il faudra savoir évaluer précocement le risque pour adapter la lutte. Mais sans non plus tomber dans l’extrême en réponse à 2022 en systématisant le renforcement des interventions.
 D’autres ravageurs ont également profité des conditions chaudes et sèches qui sont de façon générale favorables aux insectes. Ce fut le cas notamment des acariens dans une moindre mesure. Mais on a aussi noté des dégâts atypiques d’insectes (guêpes, frelons, forficules et même fourmis, chenilles diverses ou cantharides) qui ont trouvé refuge de façon opportuniste dans les vergers irrigués, moins chauds et moins secs que leur environnement.

 Marie Dordolo, Conseillère arbo Chambre d'agriculture 82

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