Productions végétales

Publié le 27 octobre 2025

RENCONTRE TECHNIQUE
La haie champêtre alliée de l'arboriculture

Jeudi 9 octobre dernier, la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne, l’association Campagnes Vivantes 82 et la fédération départementale des CUMA organisaient une rencontre sur le rôle des haies en arboriculture. Le rendez-vous était donné entre deux parcelles de pommiers de la SCEA « Brun production » à Asques, au pied d’une haie d’une vingtaine d’années, composée principalement de cornouillers sanguins, noisetiers, chênes, charmes et érables, plantée pour « casser le vent » et développer un pont entre les bois alentours, créant un corridor écologique profitable aux cultures. Sujet central de la rencontre, une fiche technique relative aux auxiliaires pouvant être accueillis par les haies pour lutter contre certains ravageurs, était présentée.

La plaquette en question sera bientôt mise en ligne. Les participants à cette demi-journée l’ont ainsi découverte en avant-première. Co-construite grâce aux compétences de chacun, l’expertise des différentes essences d’arbres et arbustes de Cam-pagnes Vivantes et la connaissance des ravageurs et auxiliaires des conseillers de la Chambre d’agriculture, cette fiche technique recense les essences arbustives ou arborées, adaptées au territoire du Tarn-et-Garonne, et pouvant héberger des auxiliaires susceptibles de réguler des ravageurs de cultures. Une bonne base d’informations donc, à ensuite adapter à son exploitation.

De nombreux atouts

Réservoir pour accueillir la biodiversité, une haie présente de nombreux atouts pour la protection des cultures. Néanmoins il est nécessaire de réfléchir son projet en amont afin d’implanter des essences locales, et qui pourront se développer dans le contexte pédo-climatique spécifique de l’exploitation. Réfléchir aussi aux types d’essences à installer en fonction de l’objectif de gestion sanitaire visé et des cultures en place. Attention aux espèces qui pourraient au contraire attirer des ravageurs ou maladies. Citons par exemple l’églantier qui aura l’avantage d’accueillir des auxiliaires tels qu’araignées, coléoptères, hyménoptères parasitoïdes ou hémiptères, mais qui pourrait aussi héberger des bioagresseurs des rosacées, à limiter en pommiers ou poiriers, de la même famille botanique. Un autre exemple : le troène des bois hôte de la sharka et du puceron vert, attention en vergers de pêchers, pruniers et abricotiers. Néanmoins, Julie Cadot, conseillère arboriculture fruitière, ajoutait que l’on peut « tolérer un peu de présence de ravageurs pour bénéficier de la présence d’auxiliaires ». Diversifier les essences permet aussi de diversifier la faune hébergée, rappelait Audrey Bêche, chargée de projets à Campagnes Vivantes. De plus, implanter la haie au coeur du verger est idéal précisait J. Cadot. En effet « pour une régulation optimale, l’INRA a montré que la haie doit être très proche de la culture ».
Non seulement la haie peut donc être un outil susceptible de réguler les ravageurs par la présence d’auxiliaires, mais elle attirera aussi des oiseaux. « La mésange prospecte jusqu’à 1 000 arbres par jour », à la recherche d’insectes, indique Campagnes Vivantes. Ou encore de petits mammifères prédateurs des campagnols, grands amateurs de racines d’arbres fruitiers. Les avantages d’une haie ne s’arrêtent pas là : elle joue aussi un rôle de brise vent, avec « une protection estimée jusqu’à 15 fois sa hauteur », et limite l’érosion. Et enfin elle abrite des pollinisateurs tels que les bourdons ou les abeilles sauvages.

Entretien

La régularité : maître-mot pour l’entretien de sa haie. « Anticiper pour que cela ne devienne pas trop contraignant », conseillait Etienne Britis de l’association Campagnes Vivantes, présentant aussi la composition de ce type de haie en verger, la taille de formation à réaliser dès la première année ou encore l’intérêt des trognes, résultats d’un type de taille provoquant le développement de rejets. Il abordait également le label haie, certifiant d’une gestion durable de la haie par l’agriculteur, et lui donnant accès à une valorisation au niveau de la PAC. L’accompagnement pour préparer le dossier à présenter à l’organisme certificateur peut être réalisé avec l’association.

Mattéo Vivier, de la fédération départementale des CUMA, détaillait les différents outils adaptés à chaque usage : lamier à couteaux ou à scies, sécateur hydraulique, perche d’élagage, épareuse…

Raphaëlle Lenoble

L’association Campagnes Vivantes explique comment bien entretenir sa haie

Publié le 15 septembre 2025 

LA VALSE DES BIO-AGRESSEURS
Partie 3 : Y'aurait-il un pépin en vigne ?

Pour faire suite aux deux premiers articles sur « la valse des bio-agresseurs » en fruits à pépins et fruits à noyau, nous continuons sur la Vigne. Nous y verrons plusieurs organismes qui peuvent affecter l’espèce Vitis vinifera. Elles concernent donc la vigne de table et la vigne de cuve.

Cryptoglabes gnidiella (pyrale du daphné, pyrales des agrumes…)

C. gnidiella est une pyrale polyphage qui dispose de plus de 80 plantes hôtes (dont le grenadier et les agrumes). Elle a de nombreux noms communs comme la pyrale des agrumes ou la pyrale du daphné). Elle a été détectée il y a 20 ans dans le Gard. Depuis, elle s’est répandue dans l’Aude, la Corse, la Drôme, le Gard, les Pyrénées Orientales, le Var et le Vaucluse. D’abord cantonnée aux zones côtières, elle est progressivement rentrée dans les terres. Dans ces zones, notamment l’Aude sur les territoires des Corbières et du Minervois, elle est devenue un ravageur principal à l’égal du ver de grappe Eudémis. En 2024, un papillon a été capturé dans le Sud du Tarn. Avec le changement climatique et l’augmentation des températures, elle arrivera vraisemblablement à termes sur notre territoire du Sud-Ouest.

Ce papillon est d’environ 15 mm et se reconnaît par des ailes de couleur gris sombre à brun rouge avec deux bandes claires caractéristiques. La chenille, aux alentours de 10 mm, est de couleur brun rougeâtre à verte foncée avec deux bandes brunes sur chaque côté. Les oeufs sont de petite taille (0,7 mm de long) sont de forme ovale et de couleur blanche qui évoluent vers le jaune.

Maxime Crouzet
Chambre d’agriculture 82

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Publié le 1er septembre 2025 

LA VALSE DES BIO-AGRESSEURS
Partie 2 : les fruits à pépins sous pression

Dérèglement climatique, échanges commerciaux à l’échelle mondiale, plus grande sélectivité des méthodes de protection et disparition de certaines couplé à une évolution des pratiques culturales : autant de facteurs qui favorisent l’émergence de nouveaux bioagresseurs dans les vergers de fruits à pépins. Ravageurs et maladies autrefois anecdotiques deviennent préoccupants, tandis que d’autres, comme certains acariens, sont désormais bien maîtrisés grâce à la régulation naturelle. Tour d’horizon des principales menaces montantes.

Bio agresseurs émergents : des profils variés

Face à ces bouleversements, plusieurs bioagresseurs, parfois inconnus il y a encore quelques années, s’installent progressivement dans les vergers. Certains changent de comportement ou apparaissent dans des régions inédites. 

  • La punaise diabolique (Halyomorpha halys) : l’ennemi n°1


Détectée en Alsace en 2012, cette punaise invasive d’origine asiatique a depuis colonisé l’ensemble du territoire français. Très polyphage, elle s’attaque à plus de 70 espèces végétales. Tous les stades (larves et adultes) peuvent provoquer des dégâts sur fruits, rendant une partie de la récolte incommercialisable. Elle est présente dans nos vergers de poiriers, pommiers, kiwis mais aussi sur les fruits à noyaux (pêche, cerise, nectarine, prune) et bien évidemment en noisette. Avec 2 générations annuelles, la problématique est que tou les stades (larves et adultes) provoquent des dégâts et sont présent une bonne partie de l’année. Nous avons pu observer des dégâts important en pomme en 2022. Pour l’instant, les stratégies reposent sur la fermeture des filets insectproof (meilleurs résultats à ce jour) ou sur l’utilisation d’insecticides, qui semblent peu efficaces. Nous connaissons encore mal sa dynamique spatiale dans l’environnement et comment elle se déplace d’une culture à l’autre pendant la campagne.

Le problème majeur ? Cette espèce a été introduite sans ses ennemis naturels, notamment les parasitoïdes oophages (petites guêpes qui parasitent ses oeufs), présents en Asie. Faute de régulation naturelle, les premières années peuvent être critiques. Des lâchers expérimentaux de parasitoïdes ont récemment été réalisés en Nouvelle-Aquitaine. Une piste d’espoir pour réguler les populations dans les années à venir.

Sur le réseau d’observation de la CDA82 (servant à la réalisation du BSV et des bulletins techniques) composés de l’ensemble des techniciens arbo du département, la punaise diabolique est observée depuis 2019 sur notre territoire. En 2022, nous avons observés une augmentation très significative des dégâts, principalement sur pomme (x 10 par rapport à 2021), en partie lié à la canicule de 2022. Depuis, les populations sont toujours importantes, mais les dégâts bien en deçà de 2022. En pomme, ce sont principalement les variétés les plus tardives qui sont touchées, mais c’est très souvent lié à un environnement favorable à la punaise (ripisylves, proximité avec de grandes cultures attractives ; soja, sorgho, tournesol …).

  • Anthonomes du pommier (Anthonomus pomorum) et du poirier (Anthonomus pyri)

Ces petits coléoptères de la famille des charançons reviennent en force, notamment dans les vergers biologiques. Les dégâts passent souvent inaperçus, surtout lors de floraisons abondantes, mais ils peuvent entraîner des pertes importantes. La vigilance est donc de mise dès le stade bouton rose.

Il est important de connaitre les dégâts pour pouvoir les repérer ; en pomme, on observe des fleurs qui restent fermées, entrainant une forme caractéristique de « clous de girofle ». De plus, cette espèce ne réalise qu’une génération par an ce qui repousse la lutte à l’année n+1 après la détection des dégâts. Des frappages au stade B/C peuvent être réalisés afin de détecter sa présence.

Julie Cadot
Chambre d’agriculture 82

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