Productions végétales
Publié le 15 juillet 2025LANCEMENT DE LA DÉMARCHE DACRA
Face aux enjeux climatiques, construire collectivement le verger de demain
DACRA ? Un acronyme pour Déclencheur, Accélérateur du stockage Carbone et de la Résilience de la filière Arboricole au changement climatique (zone Occitanie-ouest). Mais encore ? La réunion de présentation/lancement, organisée jeudi 3 juillet en fin d’après-midi dans les locaux de la Chambre d’agriculture, à Montauban, a permis d’expliciter les contours du projet. Nous y étions…
Lauréat de l’appel à projets « Accompagnement des agriculteurs face au changement climatique » lancé en 2024 par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et l’ADEME, DACRA est une démarche collective portée par la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne. Elle vise à « construire une trajectoire d’adaptation au changement climatique avec les partenaires de la chaîne de valeur de la filière ». Son ambition est de « donner une visibilité à long terme, tant sur le plan technique (pratiques culturales) qu’économique (débouchés) ». Conformément au cadre de la planification écologique dans lequel s’inscrit l’appel à projets, il doit englober des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, stocker du carbone et s’adapter au changement climatique.
Partenariats sous l’égide de la Chambre d’agriculture
Dans la pratique, DACRA se déploie en deux étapes : une première de diagnostic territorial de la filière, suivie d’un passage à l’action comportant un accompagnement coordonné des agriculteurs volontaires. La Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne en est le chef de file, associée à la Chambre régionale d’Agriculture d’Occitanie et en partenariat avec les organisations de producteurs (OP) Blue Whale et ADALIA.
Vulnérabilité des vergers : capitaliser sur l’expérience acquise
Le projet DACRA bénéficiera de l’expérience acquise avec le projet SO’ADAPT d’évaluation de la vulnérabilité des vignobles du Sud-Ouest, dont la méthodologie sera transposée aux vergers de pomme, prune et kiwi. Les cartes de vulnérabilité étudieront, au moyen de divers indicateurs, le stress thermique, les besoins et ressources en eau, la pression sanitaire, les conditions de pollinisation et les conditions de maturation. Des projections seront réalisées sur la base de la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC).
Emission et stockage du carbone : dans la continuité des enseignements de travaux antérieurs
Les dix « Bons Diagnostics Carbone » réalisés sur le Tarn-et-Garonne par la Chambre d’agriculture ont permis de mettre en évidence les postes d’émission les plus importants, à savoir les fluides réfrigérants des chambres froides anciennes et les consommations directes et indirectes (fret) de carburant. Ces diagnostics de terrain ont aussi été l’occasion d’identifier des leviers de réduction des émissions ou d’augmentation du stockage tels que le photovoltaïque en autoconsommation, le broyage des vergers en fin de vie en enfouissant les résidus ou le sur greffage.
« On a besoin de continuer à produire. » ; « On aura travaillé le verger de demain que l’on veut. »
Ont également été présentés les résultats du projet Green-Go PEREN (porté par l’ANPP, Pink Lady Europe, Blue Whale et l’Afidem et cofinancé par l’ADEME) dont l’objectif était de mieux connaître l’impact environnemental/carbone de la filière pomme, depuis le verger jusqu’à l’assiette. Celui-ci a permis de constater que « le produit est globalement vertueux, pour autant il est nécessaire de s’adapter au changement climatique et à la demande des clients de réduction des émissions de GES ». Et d’identifier les pratiques permettant de maximiser le stockage du carbone et de proposer des leviers pour atténuer l’impact tels que l’utilisation de plateformes électriques, de fluides réfrigérants à faible impact, la mise en chambre froide le matin, les alternatives au brûlage. Le transport et le taux de chargement des camions, l’emballage restent des enjeux majeurs pour la filière, sur lesquels l’interprofession des fruits et légumes, INTERFEL, avance.
Mobilisation des producteurs sur trois niveaux d’accompagnements individualisés
Trois types d’accompagnements seront proposés aux exploitants volontaires. Le premier, climat-sol « simplifié » sera ouvert à 16 jeunes agriculteurs, le second, climat-sol « bon carbone » concernera 26 exploitations, quant au troisième, dit « adaptation », 8 producteurs pourront en bénéficier. Le recrutement est ouvert.
Christophe Belloc et Yannick Fraissinet, respectivement pour Blue Whale et Adalia ont rappelé et se sont complétés sur les enjeux de la filière fruits et l’intérêt d’un tel projet pour celle-ci, mais aussi de travailler en collaboration entre OP et Chambre d’agriculture : « On a besoin de continuer à produire. » ; « On aura travaillé le verger de demain que l’on veut. »
Dominique Forneris
Publié le 2 juillet 2025APFEL SO
Compter d’abord sur la capacité à « faire filière »
L’assemblée générale de l’APFel SO s’est déroulée le 20 juin à Agen, sous la présidence de François Lafitte. La partie statutaire a notamment permis à l’assistance de prendre connaissance des nombreuses missions conduites par l’association durant l’année 2024 ainsi que des activités de la filiale de services Exavalor. Le rapport moral et d’orientation du président est venu faire la transition avec un second temps dédié aux interventions des invités. Le débat s’est ouvert sur la base d’un constat partagé : face aux espoirs déçus ou fragilisés, s’en remettre plus que jamais à ses propres forces et ressources pour « écrire l’avenir de la production française de fruits et légumes ».
François Lafitte, tout comme le président d’Interfel, Daniel Sauvaitre, sont partis du taux d’auto approvisionnement, traduction de la perte de terrain globale de l’offre nationale de fruits sur le marché français depuis 20 ans vis-à-vis des importations. Dans le détail, on relève que le TAA s’est amélioré pour la pomme et la fraise.
De la déception sur le Plan de Souveraineté
Ce constat a justifié le Plan de Souveraineté Fruits et Légumes négocié par la profession et Interfel en 2023 qui visait à reconquérir 5 points de souveraineté dès 2030, et doté de moyens conséquents alloués aux investissements productifs et à la recherche et expérimentation. « Et nous voilà lâchés en rase campagne en 2025 ! Bercy venant couper l’essentiel des crédits à la compétitivité de nos filières, voire remettant en question des crédits de 2024 ! » s’est désolé le président de l’APFeL SO.
Publié le 9 mai 2025STRIP-TILL
Démonstration et échange d’expériences en Lomagne
Jeudi 27 mars, la FDCuma et la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne organisaient un après-midi de démonstration et d’échanges autour du strip-till. Cette rencontre, portée par le Groupe 30 000 « Les Agriculteurs de la Lomagne engagés pour la qualité de l’eau » et la Cuma de la Vallée de la Gimone, s’est déroulée sur une parcelle appartenant à Domi-nique Constans, commune d’Auterive, située sur la zone de captage d’eau pour la consommation humaine de Beaumont-de-Lomagne. Olivier Tonin, élu à la Chambre d’agriculture, a ouvert la rencontre en soulignant « l’intérêt de faire des essais afin d’étudier en pratique les avantages et inconvénients de ce mode de travail du sol ». A la suite, le président du Syndicat des Eaux de la Lomagne, Christian Lagarde, indiquait espérer des pratiques agricoles qu’elles contribuent à limiter de coûteux traitements « pour vendre l’eau le moins cher possible ».
Le contexte était donné par Alban Soleau, conseiller sol, eau et climat à la Chambre d’agriculture, et animateur du groupe « Agriculteurs de la Lomagne engagés pour la qualité de l’eau » : « Le but est de limiter les transferts d’herbicides vers l’eau potable ».
Des leviers pour la qualité de l’eau
Pour ce faire, divers leviers sont actionnés. L’implantation de couverts végétaux en est un : « mais en terre argileuse la reprise des terres au printemps et les semis sont parfois un défi ! » poursuivait-il. La technique du strip-till est un autre levier proposé ce jour : « On se contente de fracturer le sol verticalement sur le futur rang de semis. Le strip-till permet de préserver une bonne structuration du sol ». Après le top départ pour la présentation des outils, donné par Margaux Poux, animatrice à la FDCuma, place aux démonstrations. Les participants ont pu voir travailler d’abord un strip-till de marque Kuhn modèle Striger, acquis par la Cuma de Meauzac-Barry, « à la suite d’une journée de Strip-till organisée par la FDCuma à Lunel en 2023, il a fait une campagne entière » précisait Jérôme Sarraute, le président de la Cuma. Et ensuite, un strip-till de marque Agrisem modèle Stripcat, prêté par un particulier. A la suite, sont intervenus le semoir SOLA de la Cuma de Saint-Jean et le semoir Monosem de la Cuma de la Serre. Les exploitants ont eu tout loisir d’observer le travail réalisé et de largement échanger entre eux et avec les concessionnaires présents sur la journée.
Les enseignements de la fosse pédologique
Alban Soleau a invité le groupe à se rendre auprès de la fosse pédologique, profonde de 1,40 m, creusée sur le haut de la parcelle ayant servi de support aux démonstrations où, après un travail du sol au cracker, un couvert de féverole a été implanté, l’année étant propice : « ce n’est pas toujours comme ça » a cependant fait observer le propriétaire, Dominique Constant. Le technicien a fait observer : des argiles bien compactées, un gros différentiel de compacité avec la zone travaillée, des racines du couvert qui descendent jusqu’à 40 cm, « ce qui n’est pas mal ». « L’objectif des couverts est d’assurer une bonne perméabilité du sol au-delà de 40 cm. L’intérêt pour protéger la qualité de l’eau, est qu’elle s’infiltre le plus rapidement possible et sur le plus de profils de sols possibles. L’objectif est que les matières actives peu solubles se stockent sur le complexe argilo-humique. Pour ce qui est des molécules très solubles, on veut retarder le moment où elles rejoindront le cours d’eau. Dans tous les cas, on veut donner le plus de temps possible pour que la molécule se dégrade avant de pouvoir polluer le milieu. »
Dominique Forneris
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