Publié le 25 juillet 2025LA VALSE DES BIO-AGRESSEURS
Partie 1 : fruits à noyau
Il n’aura échappé à personne que nous récupérons en France régulièrement des bio-agresseurs venus d’ailleurs, qui déstabilisent souvent notre équilibre en verger. En fruits à noyaux, le dernier le plus notable était Drosophila suzukii il y a déjà 15 ans (si l’on garde la punaise diabolique pour la partie fruits à pépins de cette série). Aujourd’hui d’autres ravageurs ou maladies aux portes de nos frontières sont sous étroite surveillance (Xylella, mouches…), et d’autres autrefois présents mais que l’on croyait oubliés reviennent sur le devant de la scène (Tavelure du prunier). Mais, même si l’on a tendance à l’oublier, heureusement d’autres bio-agresseurs d’importance il y a 15 ans ont à l’inverse presque disparu ou ont été relégué au rang de parasites secondaires (acariens et lécanines). Petit tour d’horizon de la valse de ces bio-agresseurs en fruits à noyaux.
Il y a ceux qu’on surveille ailleurs d’un coin de l’oeil…
Les ravageurs ou maladies émergents qui se développent à nos frontières ou plus loin sont surveillés de près, en Europe ou sur d’autres continents. Cette veille est régie en Europe par une directive et déclinée en France par une surveillance officielle des organismes réglementés (SORE). L’objectif de cette règlementation est de coordonner une surveillance commune en Europe pour limiter les introductions de nouveaux parasites, ou éviter leur établissement et leur diffusion une fois entrés sur le territoire.
Cette réglementation a récemment évolué dans les textes et les terminologies mais les objectifs sont globalement les mêmes.
Ainsi, bon nombre de parasites concernant l’arboriculture sont surveillés de près depuis des années. Parfois certains ne rentrent jamais en France ou du moins ne s’y acclimatent pas. Par exemple, on peut piéger aux abords d’aéroport ou d’axes de transports des insectes importés, mais sans que ceux-ci ne semblent s’installer sur le territoire (comme le longicorne asiatique dont tout le monde s’inquiétait, qui a été détecté en 2003 et 2018, et dont on ne parle plus beaucoup).
Dans d’autres cas, des bio-agresseurs sont surveillés avec inquiétude dans d’autres pays en mettant en oeuvre tous les moyens possibles pour limiter leur entrée. Et au cours de ces surveillances, en les cherchant chez nous, on découvre qu’en fait ils y sont déjà installés depuis bien longtemps. Ce fut le cas de la bactérie Xylella fastidiosa, tueuse d’olivier, qui a ravagé la région des Pouilles en Italie. Son explosion a entrainé des mesures de surveillance importantes pour éviter son introduction. Ces protocoles ont finalement révélé des présences fréquentes en France sur des plantes d’ornements le plus souvent, ou sur des oliviers centenaires, dans différents départements du Sud de la France. Aujourd’hui, l’aire de détection de Xylella fastidiosa est assez étendue et elle progresse encore au fur et à mesure qu’on continue de la rechercher. Mais la souche de cette bactérie présente en France est différente de celle ayant fait tant de dégâts en Italie (sous espèce multiplex chez nous contre la sous-espèce fastidiosa en Italie). Et il est présumé que la bactérie est en fait présente chez nous depuis des années, et que la sous espèce multiplex est moins agressive, même si la surveillance se poursuit.
Marie Dordolo
Chambre d’agriculture 82