A la Une
Publié le 2 décembre 2024
Mobilisation syndicale FDSEA / JA 82 : le feu de la colère
À la lueur des flammes du brasier allumé par les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA, près de 200 agriculteurs étaient rassemblés sur le giratoire de Rome, avenue de l’Europe à Montauban, dans la soirée du 18 au 19 novembre dernier. Une cinquantaine de tracteurs a ainsi convergé au centre du Tarn-et-Garonne, répondant à une mobilisation nationale des deux syndicats appelant à des actions sur l’ensemble du territoire français. Alors que les discussions sont en cours sur l’accord de libre-échange EU-Mercosur, les agriculteurs manifestaient simultanément à la réunion du G20 au Brésil, contre « L’Europe passoire ». Une quantité importante de déchets, déversés par les bennes, est venue alimenter ce « feu de la colère ».
« N’importons pas l’alimentation dont nous ne voulons pas »
Le communiqué de presse des syndicalistes Tarn-et-Garonnais précisait : « N’importons pas l’alimentation dont nous ne voulons pas ». L’accord EU-Mercosur étant l’objet principal de la protestation de la soirée. Ils dénoncent une concurrence déloyale pour l’agriculture - notamment la filière bovine - induite par des normes environnementales et sociales moins strictes. À ce propos, Damien Garrigues, président de la FDSEA : « Cette merde, c’est nos enfants qui l’auront dans leurs assiettes ». Concernant l’ensemble des mesures promises par le gouvernement, il ajoute : « Il y a eu de timides avancées, on en veut des vraies ! ».
A quoi s’attendre après cette nouvelle action ? « Des mobilisations fortes et courtes. Pas de blocage». Damien Garrigues prévient : « Ça ne nous fait pas peur d’aller jusqu’au mois de janvier, on l’a déjà montré ».
Raphaëlle Lenoble
Publié le 25 novembre 2024
Syndicalisme : La FDSEA et JA 82 reçus par la ministre de l'Agriculture
Jeudi 14 novembre, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a reçu les représentants de la FDSEA et JA de Tarn-et-Garonne : Damien Garrigues, Benjamin Checchin, Jean-Philippe Viguié et Jean-Baptiste Gibert.
Une rencontre primordiale pour notre département. Au-delà des revendications portées par nos syndicats depuis plusieurs mois, les sujets spécifiques à notre département ont pu être abordés.
Parmi les principaux discutés :
• L’eau : enjeu prioritaire pour le maintien de notre agriculture et pour laquelle les principales inquiétudes reposent sur la réduction des volumes attribués, les retenues et classement des cours d’eau, l’aberration de la règle « 2 abandons de droit de pompage pour l’obtention d’1 », l’augmentation des taxes Adour Garonne, la création de nouvelles réserves …, demande de modification
• Elevage : conséquences MHE / FCO. Demande de dégrèvement TFNB
• PGE : aides directes ; demande de décalage du remboursement des PGE Ukraine et Covid et aides de trésorerie ou prise en charge des intérêts
• Maintien des aides bio avec tenue des engagements sur la coriandre
• Manque de solutions techniques pour bon nombre de filières, retrait de matières actives etc…
• Main d’oeuvre : aberrations de la taxe AGEFIPH, pérennisation TO DE …
Maintenant nous attendons fermement des avancées concrètes !
Les représentants FDSEA/JA82
Publié le 18 novembre 2024
La noisette conduite dans l'impasse
Séverine Bégué s’est installée en 2019 sur l’exploitation familiale située à Saint-Arroumex où les noisetiers était déjà là, les premières plantations remontant à 1987. Avec 35 ha de surface nette arborée, la noisette est sa seule production. Aujourd’hui âgée de 46 ans, elle est par ailleurs administratrice de la coopérative Unicoque et de l’ANPN. Son époux Jérôme a sa propre exploitation qui compte 17 ha de noisetiers, le reste est en grandes cultures. Ensemble, ils disposent de leur propre station de stabilisation où les noisettes sont nettoyées et séchées pour être amenées entre 6 et 8 % d’humidité, avant d’être acheminées en benne vers l’usine de Cancon. En présence de son fils Paul, actuellement étudiant, qui se projette sur une installation à horizon de 10 ans, Séverine évoque les grandes difficultés qui affectent la filière noisette et son exploitation « 100% noisette ».
« On s’en sortait, même très bien, jusqu’en 2022, où on a eu les premières complications dues à la punaise diabolique. En 2022, j’ai perdu 50 000 euros de chiffre d’affaires. J’ai eu la même perte également en 2023, mais avec plus de rendement qu’en 2022, due aux attaques de ravageurs. » pose l’exploitante.
Avant d’en venir à 2024 où les difficultés culminent « avec un manque de 30% de volume en raison de problèmes de pollinisation et de fécondation mais il manque aussi du volume en raison de la chute qu’occasionnent les ravageurs, balanin et punaise » explique-t-elle. A ces pertes cumulées s’ajoutent des dégradations de qualité sur le tonnage finalement récolté. Elle complète : « Actuellement, on estime entre 25 et 33% de défauts de pourritures externes et internes de l’amandon induits par des piqures de punaises. »
Problème de qualité
« Le balanin, on sait qu’il y a des dégâts mais on sait les sortir ; les punaises on ne les voit pas. Elles font une nécrose blanchâtre à brunâtre sur l’amandon qui finit par pourrir : vous recrachez ! On ne peut pas commercialiser la récolte dans l’état où elle est, avec 25 à 30 % de défauts, tout l’enjeu est là. A la coopérative, la fin des agréages est imminente. Sur les 6 500 tonnes qui sont à Cancon, il ne resterait que 4 000 tonnes, non commercialisables en l’état et difficiles à trier.»
Urgence phytosanitaire
Privés de l’acétamipride, un néonicotinoïde, dont ils ne peuvent plus faire usage depuis juillet 2020, les producteurs français n’ont maintenant recours qu’à des produits de contact, des pyréthrinoïdes. Toutefois, ils n’ont pas une bonne efficacité sur les ravageurs et leur emploi s’avère compliqué par météo pluvieuse en raison de fenêtres de traitement très courtes et des lessivages, comme cela a été le cas sur cette récolte 2024, explique-t-elle. « On n’a plus de produit efficace, l’Italie et l’Espagne y ont accès, il nous faut une harmonisation phytosanitaire. Ce n’est pas un problème de marché, c’est un problème de qualité. »
Elle avait envisagé des plantations nouvelles et le renouvellement d’un verger qui avait été abîmé par la grêle en 2007 : « Si on n’arrive pas à avoir de solution phytosanitaire, ce n’est pas de la noisette qui sera replantée. Mais quoi ? » Elle espère une solution pour la récolte 2025. C’est aussi de la concrétisation du projet d’installation de son fils dont il est question.
Dominique Forneris
Séverine Bégué et son Fils Paul
Publié le 12 novembre 2024
Innov' Action : "De la production à la consommation" - S'adapter, sur tous les plans
Une chose est sûre, Eric Schievene est un agriculteur friand de nouveautés ! Son exploitation était donc un lieu idéal pour un partage d’expériences dans le cadre des journées Innov’Action organisées par les Chambres d’agriculture. Producteurs et conseillers se sont ainsi retrouvés aux « richesses de la terre » sur la route de Saint-Nauphary à Montauban, lundi 4 novembre dernier.
Cette rencontre, proposée par la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne pour « mettre en avant des idées nouvelles », était axée sur les circuits courts, ou comment adapter sa production maraîchère à son circuit de commercialisation. Un zoom sur sa gestion de l’eau était aussi au programme. Fort de plusieurs années d’expériences, Eric s’est prêté avec plaisir au jeu du transfert de pratiques et de connaissances. Dans les deux sens d’ailleurs, incitant les participants à poser des questions, commenter, donner leurs avis.
« Pour avancer et repousser la saison de production », l’exploitant a choisi de dédier 7000 mètres carrés de son terrain d’un peu plus d’un hectare aux cultures sous serre : des plants au printemps, des « légumes ratatouille » (tomates, aubergines, poivrons, courgettes…) l’été et des « légumes feuilles », principalement des salades, l’hiver. Les productions se chevauchent, « dès qu’une culture s’arrête, une autre prend le relai ».
Tester, adapter, optimiser
Différents angles d’innovation ont été abordés durant la visite des serres et des locaux de l’exploitation. Pour commencer, des serres fonctionnelles et modulables. L’agriculteur conseille aux producteurs présents, en cours d’installation, de réfléchir à des outils les plus pratiques et les plus adaptables possible. Ensuite sur le plan agronomique, Eric comptabilise un bon nombre de tests. Au fil des années il a affiné ses pratiques culturales en fonction de ses observations. Association de cultures, apport d’intrants nouveaux, tests de variétés… dernière trouvaille en date : des courges qui encadrent ses plantations pour limiter l’enherbement. Pour l’irrigation, c’est un puits et une mare qui sont les deux principales ressources en eau de l’exploitation. Ajouté à cela Eric Schievene a mis en place un nouveau système en lien avec son bâtiment photovoltaïque : il récupère l’eau de pluie du toit qu’il envoie en souterrain vers la mare.
Diversifier son système de vente
« D’après moi, la première chose à faire est de trouver le circuit de commercialisation avant de produire, parce qu’on a beau avoir un très beau produit, on n’est pas sûrs de le vendre ». Tout son assolement est réfléchi en fonction. Il précise que si cela paraît fluide lorsqu’il présente le lien entre sa production et son système de vente, c’est parce que ça l’est aussi dans sa tête, grâce à ses années d’expérience. Quels circuits de commercialisation comptent son exploitation ? « Tous ! » répond Eric Schievene. La vente directe lui permet de tester et voir ce qui plaît aux clients. « On produit en ayant du plaisir avec le retour direct des gens ». Cependant, tout miser sur la vente directe ne lui semble pas tenable dans la durée pour une seule personne. « Cela peut fonctionner pour un couple ou pour une structure avec des salariés dédiés ». Effectivement les marchés, par exemple, demandent un temps considérable, entre la mise en place et le retour sur l’exploitation, il reste peu de temps pour la production. Il vend donc aussi en gros et demi-gros, aux grossistes, de la petite à la grande distribution et aux épiceries. Sur cette partie il ne faut pas oublier qu’il y a la livraison. Mais Eric trouve que c’est un créneau intéressant en tant que producteur. « Le temps joue en notre faveur avec ce circuit car on peut être très réactifs, d’où l’importance, on en revient aux outils, d’avoir un frigo pour faire tampon avec la vente directe ». Pour finir, il fait aussi de l’expédition. Et il ajoute : « On est dans le végétal, dans le vivant, donc on amène une part de soi dans le produit ». D’où l’importance pour lui de choisir ses clients, pour que le produit soit mis en valeur comme il le mérite.
Utiliser des outils proposés par la Chambre d’agriculture
Les conseillers de la Chambre d’agriculture ont clos la rencontre en présentant les outils à disposition des agriculteurs pour les accompagner à la vente aux professionnels et aux particuliers. Le « 82 dans son assiette » est une association qui « accompagne commercialement et logistiquement les producteurs du 82 à vendre à la restauration hors foyer », explique Paul Cheval. Les principaux clients sont les établissements scolaires, le secteur de la santé avec les EHPAD, et l’armée. La plateforme logistique est installée sur l’exploitation d’Eric, un lieu central et auquel les producteurs ont accès comme ils le souhaitent.
Enfin Lucille Faucon a présenté la marque « Bienvenue à la ferme » : « L’idée du réseau est d’aider les producteurs à communiquer sur leurs produits et à vendre, valoriser les produits en vente directe et les activités à la ferme ». Un point a aussi été fait sur le « Drive fermier 82 », qui rassemble une cinquantaine de producteurs. Ce drive, qui existe depuis plus de 13 ans, permet aux particuliers de commander en ligne pour être livrés sur 8 points de retrait dans le Tarn-et-Garonne.
Raphaëlle Lenoble
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