Productions végétales

Publié le 21 avril 2025

MAÏS SEMENCE
Après une bonne année 2023,
baisse des surfaces en 2024

C’est pour dresser un bilan de l’année 2024 que le syndicat des producteurs de semences de maïs du Quercy (SPSM Quercy) s’est réuni en assemblée générale le 25 mars dernier dans la salle des fêtes de Beaumont-de-Lomagne. Un bilan technique détaillé de la campagne, avec la présentation des résultats de l’année passée, mis en parallèle avec les chiffres nationaux. Également au programme de cette matinée : la présentation du rapport financier du syndicat, un point sur la situation à l’échelle européenne avec l’AGPM maïs semence, et une intervention sur l’intelligence artificielle dans le milieu agricole.

Baisse de près d’un quart des surfaces

Le syndicat du Quercy enregistre une baisse des surfaces de 24 %, passant, sans les semences de base, de 4 960,21 hectares en 2023 à 3 762,95 hectares en 2024. Une baisse à l’image des surfaces nationales, qui chutent de 80 500 hectares en 2023 à 61 200 hectares pour la campagne 2024. Dans ces conditions de baisse de surfaces, « il est compliqué de rentrer des jeunes producteurs », déplore Didier Alcouffe, responsable technique du syndicat quercynois. Leur nombre est effectivement quasiment identique à la campagne précédente : 233 contre 235. Un nombre qui décline depuis une dizaine d’années. Ainsi la surface moyenne par producteur diminue à 16 hectares en 2024. Concernant le nombre de producteurs, Jérôme Sottana, Président du syndicat ariégeois et intervenant à cette AG en tant que secrétaire général de l’AGPM maïs semence, annonçait « Au niveau national on a franchi la barre en-dessous des 3000 producteurs », indiquant également sur le plan national « de nouvelles baisses de surfaces probables pour 2025, mais moins importantes que le reste de l’Europe ».

La baisse des surfaces se répercute automatiquement sur le compte de résultat du syndicat, présenté par Marc Macabiau, trésorier : une perte de près de 21 000 €. Alain Durade, Président, ajoute que le conseil d’administration a néanmoins choisi de ne pas augmenter la cotisation annuelle.

« Une belle performance technique »

Pour les résultats techniques, « une tranche se dégage » rapporte Didier Alcouffe. En effet 36 % des surfaces ont atteint 100 à 125 % des objectifs. La répartition des résultats par tranche suit ensuite celle d’une « année classique ». Géographiquement, mis à part quelques baisses sur certains secteurs, les résultats en pourcentage du rendement objectif sont homogènes, et quasiment identiques sur les deux départements, à savoir : une moyenne pondérée de 104 % dans le Tarn-et-Garonne et 103 % dans le Lot. Quant au rendement moyen, il s’élève à 37 quintaux par hectare, soit 8 % de moins qu’en 2023. Le prix d’achat, qui « reste compétitif », baisse aussi, à 153 euros le quintal. Après une année difficile en 2022, des années exceptionnelles en 2021 et 2023, « on revient à la normale en 2024 », résume le technicien. Le produit brut moyen du syndicat, semences de base, effeuillage et transport compris, s’élève à 6 000 € l’hectare en 2024, soit 1 200 € de moins qu’en 2023.

À propos des conditions météorologiques : pas mal de pluie en sortie d’hiver, les réserves étaient pleines. Un quart des surfaces a été semé du 6 au 12 mai, avant les Saints de glace. Le mois de mai, très humide, a pénalisé les semis : « à partir de l’arrivée des Saints de glace, on a arrêté les semis environ 15 jours ». Avec un peu plus de 30 % des surfaces semé du 27 mai au 2 juin, « les producteurs ont été très réactifs sur cette période », rapporte le technicien du SPSM. Les mois de septembre et octobre, pluvieux et frais, ont gêné la fin de récolte, avec des difficultés pour entrer dans les parcelles.

Fait marquant de l’année : un parasitisme important

Un parasite « qu’on avait perdu de vue » a été très présent en 2024 : l’oscinie, petite mouche qui pond sur le maïs du stade 1 feuille au stade 4 feuilles, dans les gaines des jeunes feuilles. Ces attaques pourraient s’expliquer par un coup de chaud. Également beaucoup de vers gris fin mai, début juin. La sésamie et la pyrale étaient aussi présentes. Enfin, l’héliothis n’a pas eu d’impact très important sur les cultures, mais les usines en ont observé sur les épis.

Perspectives 2025

« La prévision est encore de 15% à la baisse pour 2025, en moyenne encore, car pour certains la baisse totale sur deux ans dépassera 50%, remettant en cause la survie de leur activité. » annonce Alain Durade en fin d’AG. À noter aussi : le niveau des réserves d’eau est bon sur le Quercy. En 2025, les charges restent élevées. Pour y faire face, les structures nationales travaillent sur « une remise à plat des pratiques de calculs de prix », une « nouvelle approche qui devrait permettre à notre organisation de producteurs de mieux défendre nos coûts de production, dans le cadre de la loi EGalim », a rappelé le président dans son discours de clôture. Enfin, le syndicat conseille de se tourner vers les entreprises semencières qui pourront conseiller aux producteurs des alternatives face au retrait d’autorisation des produits contenant du S-métolachlore.

Concernant le fonctionnement du syndicat, Alain Durade a annoncé être en pleine phase de recrutement, pour une embauche à partir du mois de juin en vue d’anticiper le départ à la retraite de Didier Alcouffe, qui diminuera son temps de travail en 2026. Afin d’accompagner au mieux la nouvelle recrue, une longue période de tuilage est prévue, ce poste étant très technique.

Raphaëlle Lenoble

 

 

 

Publié le 16 avril 2025

CHASSELAS DE MOISSAC AOP
Des volumes sous AOP finalement décevants

Le Syndicat de Défense AOP Chasselas de Moissac a tenu son assemblée générale le 31 mars au Moulin de Moissac, sous la présidence de Claude Gauthier, en présence des partenaires de l’appellation.

Loin des 2 500 tonnes de Chasselas sous AOP raisonnablement espérées pour la campagne 2024, ce ne seront finalement que 1 832 tonnes qui seront commercialisées avec l’appellation. Un écart entre prévisions et réalité expliqué par le président Claude Gauthier, pour partie, par les pertes de raisins dues aux fortes précipitations de la fin septembre. Mais aussi, parce que « une partie de l’AOP nous échappe ». Plus explicite, le vice-président du Syndicat, Julien Custody, a regretté : « beaucoup de lots sont partis sans les coins-plateaux *», ce qui prive le Syndicat des cotisations afférentes à ces volumes, impactant négativement ses finances. « Chaque coin plateau compte !» a-t-il insisté, invitant les producteurs à « se ressaisir rapidement ». En parallèle, les efforts déployés pour amener de nouvelles recettes et les mesures prises pour réduire les dépenses ont toutefois permis de limiter le déficit de l’exercice 2024.

Communication

Ainsi, le Syndicat avait décidé de réduire le budget dédié à la communication. La campagne digitale a porté sur deux nouvelles vidéos de recette, un jeu pour les consommateurs, deux vidéos mettant en scène des chasselatiers, quatre photos de chasselatiers assorties de phrases impactantes sur leur produit : « le carrousel de photos a été vu plus de 535 000 fois » a précisé l’animatrice du Syndicat, Régine Pax. Les actions de communication dans différents médias ainsi que la participation à diverses manifestations se sont poursuivies. Pour 2025, les mêmes types d’actions sont prévus, à budget constant.

Et technique

Pour le volet technique, Stéphane Lucas a poursuivi son travail d’élaboration du bulletin de santé du végétal (BSV) et de diffusion du conseil technique. Pour cette année 2024, il a assuré la mission d’animateur régional pour les BSV de Midi-Pyrénées viticulture, une opportunité qui a permis d’apporter des connaissances techniques et des financements complémentaires bien venus. Cette mission est reconduite en 2025. Le technicien a également animé des réunions techniques sur l’agriculture biologique. Il a accompagné des démarches d’évaluation de la pertinence de l’introduction de l’agroforesterie. En lien avec la problématique thrips notamment, il a continué la sensibilisation à la mise en place de couverts fleuris permettant l’installation de la faune auxiliaire.

Evolution du cahier des charges 

L’assemblée générale a été un nouvelle fois l’occasion d’apporter des informations sur l’état d’avancement de la démarche visant à faire évoluer le cahier des charges de l’AOP ...abonnez-vous pour lire la suite.

Dominique Forneris

 

 

Publié le 5 mars 2025

DIVERSIFICATION EN CULTURES FRUITIÈRES
Un groupe de travail vient de se créer à la Chambre d’agriculture

Le service productions végétales de la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne est régulièrement questionné sur les cultures fruitières émergeant - ou qui pourraient voir le jour - dans notre département. Face à l’augmentation des températures et au manque d’eau, ou encore tout simplement l’envie de tester une nouvelle production : kaki, agrumes, grenades… ou des cultures qui « reviennent », comme l’olivier, attirent.

L’idée de créer un groupe de travail sur ce thème s’est concrétisée avec une première réunion fin janvier. Les objectifs de cette rencontre : tout d’abord que les producteurs intéressés par ce type de diversification se connaissent, échangent sur leurs projets et évoquent leurs questionnements, puis réfléchir ensemble à l’accompagnement possible par la Chambre d’agriculture : « c’est vraiment le besoin des producteurs qui définit l’orientation de ce groupe », précise Maxime Crouzet, conseiller dans l’équipe « arboriculture et cultures légumières ».

De nombreux points à étudier avant de « sauter le pas »

Les raisons qui ont amené les participants à se déplacer sont diverses : replanter ou non des vignes vieillissantes, élargir sa gamme, chercher de la rentabilité ou encore le plaisir de découvrir une nouvelle production. Dans les projets des producteurs présents à cette réunion, l’olive revient dans les interrogations, mais aussi l’agrume - souvent évoqué comme un produit d’appel - le « kaki-pomme » (on nomme communément ainsi les variétés non-astringentes, à chair ferme), la grenade, la figue, la pistache, et bien d’autres. Les besoins pour développer ces idées portent généralement sur la mise en place de la culture et les itinéraires techniques de ces productions, pour l’instant peu connues dans le Tarn-et-Garonne. L’organisation du travail ainsi que les débouchés suscitent également des questions. Par ailleurs, la lutte contre le gel, l’accès à l’eau ou encore la protection des cultures sont aussi à étudier pour se lancer. Enfin, la recherche de contacts, tels que des pépiniéristes, est une préoccupation.

Une réflexion commune qui va se poursuivre

Des visites techniques sur ces cultures, ainsi que deux formations, ouvertes à tous, feront suite à ce premier groupe de travail.

Benjamin, participant à ce groupe, s’est lancé dans le kaki

Installé en 2019 à Moissac sur 3 hectares de prunes, la même surface en courges, un peu plus d’un hectare de raisins de table et 20 ares de pastèques, Benjamin Gely a choisi de se lancer dans le kaki. L’agriculteur en a planté 40 ares : la première moitié début 2023, l’autre fin 2024, pour un total de 500 arbres en axe. Le jeune producteur a souhaité intégrer ce groupe sur la diversification fruitière pour affiner ses connaissances : « Dans le groupe je suis venu chercher s’il y avait des techniques pour la conservation du kaki, comment lutter contre la mouche méditerranéenne, échanger aussi sur les stades de ramassage, le conditionnement et le stockage » « Et pourquoi pas, parler aussi d’autres cultures », en précisant : « Il faut toujours avoir un coup d’avance dans notre métier ! ». Pourquoi a-t-il choisi ce fruit ? « Je voulais une culture qui change un peu de l’ordinaire, en développement, et que je puisse conduire en bio, comme le reste de l’exploitation ». Il a opté pour les « kakis-pomme ». En effet les autres kakis, plus astringents, présentent une texture visqueuse et ne font pas toujours l’unanimité chez les consommateurs : « Aujourd’hui les gens veulent des choses faciles à manger, pas trop contraignantes ». Autre inconvénient : la récolte et le transport, encore plus délicats. Enfin, Benjamin ajoute qu’il prendra part aux visites techniques : « Il va falloir aller voir assez loin ce qui se fait ». Il est notamment intéressé pour voir comment d’autres exploitations ont mis en place l’irrigation sur cette culture, qu’il projette chez lui d’abord avec du goutte-à-goutte cette année, puis du micro-jet.

Raphaëlle Lenoble