Productions végétales
Publié le 5 avril 2024Lutter contre l'ambroisie avant et au semis
Le printemps signifie le retour de l’ambroisie et donc les moyens à mettre en œuvre pour limiter sa nuisibilité.
Méthodes de lutte
En raison de ses caractéristiques biologiques et de sa forte capacité d’adaptation, l’ambroisie n’est pas facile à éliminer des parcelles.
La lutte chimique montre ses limites (défauts d’efficacité, fortes pressions, résistance…) : une approche intégrée, avec un raisonnement à l’échelle de la rotation, est indispensable.
Leviers de lutte agronomique :
- Introduction de cultures d’hiver dans la rotation
- Gestion de l’interculture estivale
- Faux-semis et décalage de la date de semis de la culture de printemps
- Binage
- Ecimage
La réussite ne sera possible que si plusieurs de ces leviers agronomiques sont combinés. Il est fondamental et obligatoire de raisonner à l’échelle de la rotation pour une bonne maîtrise de l’ambroisie.
Combiner et diversifier les moyens de lutte est essentiel !
Que ce soit en chimique ou en mécanique, intervenir au bon moment et dans de bonnes conditions est essentiel.
Les interventions doivent être effectuées aux bons stades des adventices et dans des conditions climatiques favorables. Ceci nécessite une observation régulière des parcelles.
Ingrid Barrier - Pôle Végétal CA82
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Fruits à pépins : bilan phytosanitaires 2023 et perspectives 2024
En 2023, c’est le puceron cendré qui, encore une fois, nous a posé le plus de soucis. Pas loin derrière, nous re-trouvons la tordeuse orientale … et le black rot pour les producteurs de Chantecler. Et, faute de nouveautés et, parfois, de vraies solutions « chimiques », nos stratégies de lutte doivent de plus en plus intégrer des méthodes de luttes « alternatives » pour rester durables et performantes. Le puceron cendré a été mal maîtrisé dans de trop nombreuses situations, un peu comme en 2021 et en 2019… malgré des stratégies de lutte chimique qui se sont renforcées années après années pour faire face à la pénurie de solutions curatives efficaces…et à la baisse d’efficacité de certain produits. Petit retour sur le déroulé de la saison 2023.
Des repiquages de cendré incontrôlés :
A la fin avril, après 2 à 4 interventions pré florales, la situation en verger semblait saine dans les vergers conventionnels. Alors que nous observions la présence de quelques foyers dans les vergers AB, après, le plus souvent, 2 applications d’huile et une d’Azadirachtine. Puis, dans un certain nombre de parcelles en conventionnel, la situation s’est dégradée à partir de début voire mi-mai, quelques jours après les applications de MOVENTO. Il est assez surprenant de noter que, dans d’autres parcelles, les mêmes schémas de protection sur les mêmes variétés donnaient d’excellents résultats. (Ce constat nous laisse craindre des problèmes de baisses d’efficacité de cette spécialité sur certaines populations de pucerons). Surtout dans les parcelles en conventionnel Pendant ce temps, sur les parcelles en AB, la situation a eu tendance à s’assainir après la seconde application d’Azadirachtine. Et à la fin mai, le puceron était globalement plutôt mieux maîtrisé en AB qu’en conventionnel. Que conclure de tout cela ? Sans doute que nos vergers conventionnels, souvent poussants et vigoureux, sont plus appétant pour le puceron cendré que leurs homologues AB. Sans doute également que les insectes auxiliaires ont plus de facilité à se développer sur les parcelles AB que sur des parcelles en conventionnel qui peuvent recevoir un insecticide par semaine en début de saison. A la fin avril, il était assez aisé de voir des larves de syrphes en verger AB ; … et des pucerons également ! Et nous pouvons également certainement en déduire que, pour améliorer durablement la maîtrise du puceron cendré, la solution ne viendra pas indéfiniment d’une surenchère sur le nombre d’intervention. Celle-ci risquant d’entrainer une éradication de la faune utile, une baisse de la qualité d’application (plus le nombre d’interventions est élevé, plus le 1 rang sur 2 est pratiqué), et une baisse d’efficacité des produits (liée au sous dosage avec les traitements 1 rang sur 2).
Jean-Louis Sagnes, CA82
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Publié le 25 janvier 2024
Rencontre Melon Sud-Ouest :
Les conditions météo compliquent la production et les ventes
La 20ème rencontre technique Melon Sud-Ouest, co-organisée par le CEFEL et la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne, s’est déroulée au cœur du Quercy lotois, à Flaugnac, le 14 décembre dernier. Réunissant producteurs, techniciens et semenciers à l’issue d’une campagne 2023 compliquée tant sur le plan technique qu’économique, cette réunion a été riche en apports informatifs. Les participants y ont trouvé matière à engager les échanges sur la rentabilité de la culture du melon, le retrait des matières actives, la pression des promotions en grande distribution, la « météo-sensibilité » de la consommation…
Economie : des volumes mais pas des prix
Rémi Javernaud, animateur de l’AIM, s’est chargé du bilan économique de la campagne écoulée, qu’il a qualifiée d’éprouvante, soumise à « une météo capricieuse et variable » tant en ce qui concerne les conditions de production que les cours. Le démarrage de la production a été laborieux, l’entrée en production a été tardive, surtout dans le Sud-Ouest où elle est retardée par les intempéries. Les prix expédition, élevés du mois du juin où l’offre est déficitaire, chutent rapidement en juillet lorsque les volumes arrivent vraiment sur le marché pour descendre sous l’euro jusqu’en septembre. La météo n’incite pas à la consommation et les promotions répétées ne parviennent pas à enclencher significativement l’acte d’achat. Les reports de stocks conséquents génèrent des volumes disponibles à la vente historiquement hauts. Le melon est déclaré en situation de crise conjoncturelle par FranceAgriMer le 31 juillet et le restera durant le mois d’août. Les conditions estivales, favorables à la consommation de melon, s’installent en septembre, alors que les volumes baissent, tirant les prix à la hausse, mais sur des volumes réduits qui ne permettent de rattraper que partiellement la saison ». La campagne se caractérise par ses très gros calibres, avec une majorité de 9 et 11, une insuffisance de 12 et des 15 quasiment inexistants.
Sanitaire : l’oïdium très présent, l’anthracnose en développement
Sylvie Bochu, conseillère à la Chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne a dressé le bilan sanitaire de la campagne, passant en revue bioagresseurs, maladies et ravageurs qui se sont manifestés durant la saison. Elle a complété son exposé par un point sur l’actualité phytosanitaire, produits en fin de vie et produits attendus.
Variétés : faire du melon apprécié du consommateur
Françoise Leix-Henry, technicienne au CEFEL a proposé à l’assemblée de regarder dans le rétro des évolutions variétales intervenues ces dernières années dont elle a établi un instructif bilan. En ce qui concerne l’axe qualités agronomiques, elle a successivement passé en revue la capacité de nouaison (amélioration de la régulation) ; le groupage des récoltes (variable selon les variétés) ; le comportement végétatif (améliorations sur vigueur, la tenue et la puissance racinaire) ; le potentiel de récolte (forte amélioration) et la présentation des fruits (amélioration de la stabilité d’écriture et du marquage du sillon). Sur le volet pack sanitaire, elle a évoqué la vitrescence (forte amélioration) ; l’IR Fom 1-2 (des avancées) ; l’IR Ag (forte amélioration) ; l’IR Oïdium (forte amélioration). Enfin, sur l’aspect qualité aromatique, pour l’arôme, la saveur, l’odeur et la texture d’une part, elle a fait observer « un potentiel gustatif à améliorer prioritairement pour fidéliser le consommateur » ; pour la fermeté d’autre part, elle a appelé à la vigilance sur « le seuil critique à ne pas dépasser, la chair doit rester fondante » ; quant au potentiel de conservation, elle a constaté, « beaucoup d’améliorations ont été obtenues ». Pour conclure, elle a invité l’assistance à garder comme objectif de « faire du melon apprécié du consommateur ».
Après ce point d’étapes qui a suscité l’intérêt des participants, elle a présenté la fiche variétale établie par le groupe technique Melon Sud-Ouest pour 2024 (voir l’action agricole n°1585 du 8 décembre 2023, p.11), rappelant que celle-ci est téléchargeable sur les sites de la Chambre d’agriculture 82 et du CEFEL. Elle a expliqué la présence et la signification du code couleur (vert, orange, rouge) indiquant le comportement des variétés vis-à-vis des bioagresseurs. Pour les cinq nouvelles variétés qui ont fait leur entrée dans la liste, à savoir Santorin, Cancun, Amneris, Isatis et Solibel, elle a fait état de leurs atouts et contraintes respectifs.
A la suite, avec sa collègue Camille Marzorato, Françoise Leix-Henry a développé une partie dédiée à la sensibilité variétale face à la fusariose, à la bactériose, au mildiou et à l’oïdium. Ces essais de sensibilité seront reconduits dans le cadre du projet COCOMEL qui se déroulera de 2024 à 2027. Il portera sur la bactériose, la cladosporiose, la fusariose, le mildiou et l’oïdium. Ce projet comporte plusieurs axes, dont un volet sur la lutte contre les taupins qui se déroulera en conditions contrôlées, a précisé l’intervenante qui, par ailleurs a souligné que le projet COCOMEL associait station d’expérimentation et producteurs, « une première qui va dans la bonne direction ».
Bactérie, mildiou, oïdium : des solutions ?
La dernière partie, présentée par Camille Marzorato, a porté sur les essais de stratégies de traitements de lutte contre la bactériose et le mildiou ainsi que sur la lutte contre l’oïdium en culture de melon AB.
Dominique Forneris
Bilan de saison melon 2023 !
2023 ! Encore une campagne très atypique… L’année la plus chaude depuis l’ère préindustrielle … Pour notre bassin de production, moins chaude que 2022, mais plus humide !
Les rendements sont corrects et sont très différents d’une parcelle à l’autre. Les écarts entre les chiffres d’affaire sont encore plus importants, surtout pour les producteurs qui n’avaient plus de melons en arrière-saison.
Pour les bio-agresseurs, l’année 2023 est caractérisée par
- Des symptômes de bactériose dès les baisses de températures.
- Des symptômes d’oïdium à partir du mois d’août avec des observations sur des variétés pourtant porteuses d’une bonne résistance intermédiaire (variétés IR Px 1.2.3.5.3-5).
- Un développement important de l’anthracnose (Gloeosporium orbiculare)
- Des pourritures de fruits : didymella
- Des présences de taupins sur fruits.
Pour la bactériose, des symptômes sont visibles dès les baisses de températures de printemps. Des symptômes sur fruits, avec de faibles fréquences et intensités peuvent être relevés.
Des différences de sensibilité entre variétés sont observées. Une variété peut être sensible sur feuilles, sur fruits ou les deux.
Pour l’oïdium, les symptômes sont visibles dès la fin du mois de juillet, avec des présences sur des variétés à bon comportement oïdium. Les fréquences et intensités sont variables entre variétés et entre parcelles. Les applications de soufre demeurent la meilleure prévention contre l’oïdium, il faut améliorer les conditions d’applications en mouillant bien le feuillage.
A noter, mais pas d’informations officielles, qu’il y a des évolutions des races d’oïdium avec apparition de 2 nouvelles races. Ceci pourrait expliquer la présence du bioagresseur sur des variétés à bon comportement. A suivre !
Sylvie Bochu, CA82
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