Productions végétales

 Tournesol : Désherbage après la levée 

Après le tour d’horizon des solutions de désherbage en pré-levée du 7 avril, faisons un point sur la gestion des adventices en post-levée du tournesol.

Le type de flore dicotylédone présent sur la parcelle est déterminant :

En effet, les flores difficiles vont nécessiter l’emploi de spécialités commerciales de post-levée qui implique l’emploi de variété VTH (Variétés tolérantes aux herbicides). En dehors de ces situations, il n’est pas nécessaire de les privilégier puisque les stratégies de prélevée montrent des efficacités tout à fait acceptables.

Dès lors que la situation est dominée par une flore difficile, tel que le liseron des haies, bidens tripartite, xanthium, datura, chardon ou tournesol sauvage, l’emploi de solutions avec variétés tolérantes basées sur les technologies Clearfield, Clearfield Plus ou Express Sun s’avère difficilement contournable. Pour le chardon, le choix portera uniquement sur la technologie Express Sun.

  • Quelle que soit la solution choisie, le stade d’application est déterminant. On privilégiera le stade 4 feuilles du tournesol (1 mois après le semis). Au-delà de ce stade, les adventices deviennent moins sensibles, en particulier le chénopode, la renouée liseron.
  • Le fractionnement en deux applications peut être privilégié sur xanthium ou ambroisie à conditions d’anticiper la première application à 2 feuilles du tournesol. La deuxième intervention se fera une semaine après.

Il existe plusieurs solutions à base d’imazamox. Selon la flore, on pourra ou non rajouter une huile végétale et surtout moduler la dose (tableau suivant). Le fractionnement en deux applications peut être privilégié sous certaines conditions :

 Nouvelles dérogations Carpocapse des prunes : 
Quelle statégie en 2023 ?

La pression en carpocapse a été record l’année dernière en prune suite à un printemps très favorable. L’inoculum s’annonce donc fort en 2023, alors que les solutions de lutte homologuées se raréfient. Mais les toutes récentes dérogations amènent à rebattre les cartes par rapport aux préconisations automnales

La confusion sexuelle en priorité
La confusion sexuelle est homologuée en prunier et efficace à la fois contre le carpocapse et la tordeuse orientale. Elle doit rester la base de la stratégie de lutte. Il est parfois difficile de se rendre compte de sa réelle efficacité sur les exploitations quand la confusion est mise en place depuis longtemps. Les années à faible pression, on se dit qu’on aurait pu s’en passer. Et les années à forte pression, on se dit qu’elle n’a servi à rien parce qu’on a quand même des dégâts. Mais en réalité, l’efficacité de la confusion en prunier est certaine. Elle est en effet partielle, et nécessite d’être complétée par d’autres méthodes de lutte. Mais les vergers sans confusion sont attaqués par le carpocapse de façon plus régulière et plus intense à protection égale que les vergers confusés. L’efficacité de la confusion est meilleure quand elle est posée sur des vergers à faible pression, d’où l’importance de continuer à la mettre en place chaque année, même en cas de faible récolte ou faible pression, pour garder de bas niveaux d’inoculum. Ces bas niveaux de populations permettent aussi de limiter l’apparition de résistances aux produits chimiques et de prolonger leurs durées de vie. L’efficacité de la confusion sexuelle est par ailleurs meilleure sur de grandes surfaces (recommandation mini 1ha). Mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas intéressant de couvrir des parcelles de surface inférieure. Si l’efficacité décroit sur de plus petites parcelles, elle n’est pas nulle pour autant. Enfin, l’objectif de la confusion étant d’empêcher l’accouplement des papillons, celle-ci doit être posée juste avant le début du vol, soit avant le 1er avril en règle générale (suivre les captures sur le BSV) pour le carpocapse. Mais comme en prunier japonais, elle est aussi efficace sur la tordeuse orientale du pêcher (TOP), l’idéal est de la mettre en place pour le début de vol TOP, soit autour du 20 mars.

De récentes dérogations en lutte chimique
Face aux forts dégâts de lépidoptères dans tout le sud de la France l’année dernière, la profession a défendu fortement la nécessité de dérogations (ou Autorisation de Mise en Marché pour 120 jours) pour la saison 2023. La réponse à ces demandes est arrivée début avril avec la signature d’AMM 120 jours pour le CORAGEN et pour l’AFFIRM sur prunier dans les conditions d’utilisation suivantes :

Les stratégies de lutte possibles sur la saison 2023 se trouvent donc modifiées en PFI. En l’absence de dérogations, la stratégie la plus répandue aurait été de prévoir un insecticide chimique sur la G1 (DELEGATE étant le seul spécifique disponible), et de compléter en G2 et G3 avec des virus de la granulose, et ceci en plus bien sûr de la confusion sexuelle qui reste un pilier de la protection. Le CORAGEN et l’AFFIRM obtenus en dérogation présentent une meilleure efficacité, une meilleure rémanence et un meilleur profil eco-toxicologique que le DELEGATE. Le CORAGEN viendra donc se substituer à lui sur la première génération (du fait entre autre de son DAR plus long que l’AFFIRM), qui est la plus importante à protéger. Il ne sera alors pas nécessaire de compléter cette intervention sur la G1 (hormis cas particulier de lessivage). La G2 pourra alors être couverte avec l’AFFIRM ou avec des virus de la granulose en parcelles confusées si la pression en fin de G1 est faible. Les virus de la granulose sont en effet des produits biocontrôle et ont un profil beaucoup plus clément sur les auxiliaires, mais ils sont aussi moins rémanents. Pour finir la G3 pourra être gérée avec des virus (en alternant les souches : voir plus loin) ou avec des pyrethrinoides. En AB, la stratégie de lutte est inchangée. Elle repose essentiellement sur la confusion et les virus de la granulose, avec une alternance de souche (voir plus loin).

Marie Dordolo, Chambre d'agriculture 82

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 Halte aux oiseaux : des leviers à combiner

Les dégâts d’oiseaux à la levée sont une préoccupation majeure pour les producteurs de tournesol. Aucune solution miracle n’existe à ce jour, par contre plusieurs leviers ont été identifiés et leur mise en œuvre combinée permettra d’atténuer les dégâts. Voici une synthèse des stratégies testées ou en étude par terres Inovia.

Une période critique de 2 semaines à partir de l’émergence face aux colombidés, et dès le semis pour les corvidés
Corneilles ou corbeaux freux, peuvent causer des dégâts dès le semis, en s’attaquant aux graines. Les pigeons ramiers et pigeons de ville quant à eux vont plutôt consommer les cotylédons, et sont les plus fréquents dans le Sud-Ouest. La fenêtre de sensibilité des plantules de tournesol aux dégâts de pigeon ramier dure environ 2 semaines de l’émergence à la première paire de feuilles. Les lésions des cotylédons (consommation partielle, à gauche sur la photo) ne sont pas préjudiciables pour la culture contrairement aux dégâts sur apex tige (apex sectionné, à droite sur la photo), l’observation du type de dégât est donc indispensable avant de prendre une éventuelle décision de re-semis.

Les leviers à mettre en œuvre

Ingrid Barrier Chambre d'agriculture 82

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