Productions végétales
Publié le 3 mai 2024Viticulture : coup de froid sur le Tarn-et-Garonne
Entre le vendredi 19 avril et le mercredi 24 avril, les vignes ont subi plusieurs matinées de gel. Les vignobles du Brulhois, de Fronton, de Lavilledieu et du Quercy ont été impactés de façon plus ou moins forte. Les secteurs les plus touchés sont Fronton et le Quercy. Il est encore trop tôt pour estimer les dégâts. Néanmoins, nous les évaluons de 20 à 100 % pour les parcelles affectées sur ces deux vignobles. Si vous avez été impactés par ce gel, il est important de le faire savoir aux collectivités. Pour ce faire, un formulaire « enquête intempérie » sera disponible dans votre Mairie ou à télécharger sur le site internet de la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne dans la rubrique intempéries (bas de la page d’accueil).
Préconisations
Après avoir subi un gel comme celui de ces derniers jours, nous vous conseillons dans un premier temps de vous armer de patience et d’attendre une quinzaine de jour afin de voir ce qui n’a pas été gelé et ce qui va repousser. A l’heure actuelle, il est encore trop tôt pour réagir car vous pourriez causer encore davantage de dégâts dans vos parcelles. Ainsi, il ne faut pas retirer les parties grillées, tailler ou fertiliser. Dans un second temps, lorsque les contre-bourgeons ou les bourgeons axillaires auront pris le relais, en fonction de l’intensité du gel sur la parcelle, un ébourgeonnage pourra être réalisé afin de structurer le pied de vigne et gagner du temps sur la taille hivernale. Si il y a moins de 40% de perte due au gel, l’ébourgeonnage pourra être fait de manière habituelle. Cependant, si les dégâts sont plus élevés il est nécessaire de bien penser l’ébourgeonnage afin d’assurer du bois pour la taille hivernale. Pour la protection phytosanitaire, si les parcelles sont touchées à moins de 60 %, les traitements devront être réfléchis en fonction du stade phénologique des pousses restantes. De plus, si la vigne est un peu faible, un complément en engrais foliaire peut être envisagé. Pour les parcelles fortement touchées (pas de récolte cette année), il faudra tout de même protéger le feuillage afin d’assurer une bonne mise en réserve de la vigne. Il faudra attendre les Saints de Glace (mi-mai) pour être sûr de ne plus avoir de risque de gel. Afin de limiter les risques de gel, il faut assurer un couvert bas et ne pas tondre ou travailler les sols à l’annonce de températures négatives. Dans les années à venir nous serons de plus en plus confrontés à des hivers doux et des débourrements précoces de la vigne. Aussi, l’utilisation de systèmes de lutte contre le gel pourrait être envisagée.
Benoît Rannou Conseiller en viticulture Chambre d’agriculture 82 -81
Publié le 19 avril 2024Pommes : éclaircissage en 2024
Depuis quelques années, nos vergers ont tendance à alterner d’avantage. Et des variétés comme Gala et Golden se comportent parfois un peu comme Fuji, avec de fortes alternances à l’arbre. Comment raisonner l’éclaircissage en fonction des situations ? Retour sur quelques fondamentaux avant de voir nos recommandations pour 2024. La saison 2024 démarre sur les chapeaux de roues, avec des floraisons très précoces. Les parcelles de Pink ont fleuri pendant le weekend end de Pâques (31 mars) et les autres variétés leur ont emboité le pas dans la semaine suivante (entre le 3 et le 6 avril) avec de très bonnes conditions climatiques. Nous arrivons donc relativement tôt à cette période cruciale pour la suite de la saison qu’est celle de « l’éclaircissage chimique » sur petits fruits…et pour certains, notamment en agriculture biologique (mais pas que) les hostilités ont démarré dès la fin mars avec les éclaircissages mécaniques (DARWIN) et chimiques sur fleur et boutons.
Améliorer le résultat de la parcelle
En préambule, il est sans doute utile de rappeler que l’objectif de l’éclaircissage n’est pas juste de faire tomber des fruits mais, ce faisant, d’améliorer le calibre, la coloration et le retour à fleur, afin d’améliorer le résultat économique de la parcelle. Chaque parcelle, en fonction de son volume de végétation, de sa variété…, a un potentiel de production optimum. Si la charge est supérieure à ce potentiel, la rame de calibre risque de dériver vers le bas et/ou le retour à fleur d’être compromis. Si la charge est inférieure, les calibres seront trop gros et les rendements trop faibles. L’objectif est donc de se rapprocher le plus possible de cet optimum de charge, et cela le plus précocement afin d’avoir les effets positifs escomptés sur le calibre et le retour à fleur. Les éclaircissages tardifs, comme l’éclaircissage manuel réalisé après la chute physiologique, n’ont que peu d’impact favorable sur le calibre et aucune incidence sur le retour à fleur. C’est pendant la période qui va du stade bouton rose (DARWIN, PRM 12) à 30-40 jours après la floraison (BREVIS tardif à 20 mm) que l’éclaircissage peut permettre une régulation suffisamment précoce de la charge. Les interventions les plus précoces (DARWIN, PRM 12, ATS…) sont les plus bénéfiques pour le retour à fleur et le calibre ; ce sont également les plus risquées vis-à-vis du gel.
Moduler la sévérité de l’éclaircissage
Pour moduler la sévérité de l’éclaircissage, nous disposons essentiellement de 2 voire 3 leviers que sont le choix des produits, le nombre de passages et la modulation de la dose. Le stade d’intervention (pour un produit donné) a longtemps été considéré comme le facteur prépondérant sur la sévérité de l’éclaircissage, en considérant que les éclaircissants faisaient tomber tous les fruits inférieurs à un certain diamètre. Cette croyance a été démentie par de de nombreux travaux d’expérimentation qui montrent que, pour un produit donné, il existe une « fenêtre d’efficacité » de quelques jours (ou de quelques mm) pendant lesquels les conditions climatiques auront plus d’incidence que le calibre précis. Le nombre d’interventions reste donc le principal levier pour moduler la sévérité de l’éclaircissage. 3 interventions seront généralement plus efficaces que 2 interventions qui seront-elles mêmes plus efficaces qu’une seule. Pour ce qui est des produits, même si les comparaisons sont assez difficiles de part des périodes et des conditions d’utilisation qui ne sont pas les mêmes, on peut considérer que l’association BREVIS + 6BA est généralement plus efficace que BREVIS seul et que l’association ANA + 6BA ; eux-mêmes plus efficace que la 6BA seule, elle-même plus efficace que l’ANA. La modulation de la zone de traitement (fermeture des jets du bas ou des faces nord) est souvent pratiquée pour limiter la sévérité de l’éclaircissage sur les zones de la frondaison mal éclairées et ou mal nouées. Enfin, pour le BREVIS, la modulation de la dose peut faire varier (assez fortement) la sévérité de l’intervention. Nous le constatons lors des traitements 1 rang sur deux, avec une concentration de produit (BREVIS) plus importante sur les feuilles et les fruits des rangs de passage et une plus grande sévérité de l’éclaircissage sur ces rangs-là. Ce n’est pas ou beaucoup moins le cas pour la 6BA ou l’ANA.
Jean-Louis Sagnes, Chambre d'agriculture 82
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Très forte nouaison
Publié le 5 avril 2024Semis de tournesol : rechercher les conditions optimales
Le semis joue un rôle capital dans l’obtention d’un tournesol robuste et la réussite de la culture. Cette opération doit favoriser un démarrage rapide, réduire la durée d’exposition des jeunes plantules aux ravageurs de début de cycle, préserver un peuplement régulier et homogène, tout en limitant le risque mildiou.
Quelques points de vigilance sont à bien considérer pour atteindre ces objectifs de levée rapide et homogène, et de peuplement régulier.
Réaliser les dernières préparations sur sols ressuyés...
Après un hiver particulièrement humide, un certain retard a été pris dans les opérations de préparation au semis et de destruction des couverts végétaux . Pour autant, il est important de garder en tête qu’un passage d’outil dans des conditions d’humidité du sol inadaptées aura des conséquences négatives sur l’enracinement du tournesol. Et effet, le pivot du tournesol est très sensible aux ruptures de structure, tel que les zones de tassement ou le lissage à la profondeur de travail du sol. Il convient par conséquent d’attendre, avant de réaliser toute intervention, un ressuyage correct. L’idéal étant d’intervenir sur des sols friables sur toute la profondeur de travail : sous les doigts, les mottes s’émiettent sans coller et donnent de la terre fine. L’état d’humidité du sol doit donc être observé régulièrement. En présence d’un couvert en phase de croissance rapide (cas d’une féverole en préfloraison), de surcroit avec des températures douces, la surveillance doit être quotidienne.
...et viser un semis au plus tôt et idéalement avant le 15 avril
Un semis avant le 15 avril réalisé dans de bonnes conditions montre un avantage pour esquiver la contrainte hydrique estivale. Ce constat basé sur des éléments statistiques est corroboré par une analyse multivariée des enquêtes sur les pratiques culturales du tournesol réalisées par Terres Inovia entre 1996 et 2019 (sur treize campagnes). Celle-ci met en évidence un intérêt statistiquement significatif du semis précoce, sur la première quinzaine d’avril, par rapport au rendement. Cette tendance a en outre été observée sur les trois dernières campagnes de production. Si les conditions météo sont favorables, sans pluies abondantes au cours des prochains jours suivant le semis, tenir l’objectif d’un semis avant la mi-avril sera possible dans un grand nombre de situations. Précisons enfin que les dates de semis doivent être adaptées à la précocité de la variété choisie.
Ne décaler la date de semis que pour des raisons sanitaires
En situation de risque mildiou (symptômes observés par le passé), il est recommandé de retarder le semis si de fortes pluies sont annoncées dans les 5 jours. La contamination des plantules ayant lieu au moment de leur émergence, la présence d’eau libre durant cette phase favorise la germination des spores de mildiou qui vont alors infecter le tournesol.
En situation fortement infestée par des adventices estivales difficiles (ambroisie, datura, xanthium), la réalisation de faux-semis printaniers peut s’avérer un levier efficace. Cette pratique nécessite de décaler la date de semis pour laisser le temps aux adventices de lever, puis d’avoir une fenêtre climatique favorable pour les détruire. Ces conseils sont détaillés dans l’article sur la lutte contre l’ambroisie.
Ingrid Barrier, Pôle végétal CA82
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