Productions végétales

9 juin 2023

 Punaises diaboliques : 
stratégie de lutte en arboriculture

En 2022, les punaises et notamment la punaise diabolique ont causé d’importants dégâts sur les différentes espèces fruitière. Et en ce début de saison 2023, nous déplorons déjà quelques dégâts sur cerises et de fortes populations dans les pièges La punaise diabolique (Halyomorpha Halys) est une espèce de punaise particulièrement virulente, d’origine asiatique et observée en France depuis 2012. Cette punaise a d’abord envahi l’Italie et la Suisse où elle a provoqué de très gros dégâts sur cultures fruitières (noisetiers, kiwi, pommiers….), légumières (tomates, aubergines…) , petits fruits (framboise) et aussi sur cultures annuelles (maïs, soja…). Sur la région, les premiers soupçons de dégâts remontent à 2017 sur kiwi et noisettes, et à 2018 sur pomme. Depuis, nous avons observé la présence de dégâts sur un nombre croissant de parcelles. Pour ce qui est de la pomme, les vergers très touchés restaient malgré tout relativement peu nombreux jusqu’en 2022. Avec des dégâts essentiellement sur des variétés tardives (Granny, Juliet, Swing, Fuji…). L’an passé, nous avons assisté à une explosion des dégâts, notamment sur pomme, avec de très nombreuses parcelles touchées et des niveaux de dégâts multipliés par 10 par rapport aux années précédentes. Et la présence de quelques dégâts sur variétés précoces comme Gala. Sans doute les conditions très sèches de l’année ont-elles exacerbées le problème en concentrant les punaises sur les parcelles irriguées et donc sur les vergers. En ce début 2023, nous observons déjà des dégâts sur cerises ; et les piégeages d’adultes sont relativement importants. A l’heure où les premières jeunes larves ne devraient pas tarder à être observées en verger, il nous semble intéressant de faire un point sur les avancées récentes des stratégies de lutte. En effet, depuis quelques années, de nombreux projets de recherche et d’expérimentation visent à explorer diverses méthode de lutte contre les punaises, tant en cultures maraîchères qu’en arboriculture. Nous savons dès à présent qu’il faudra combiner les méthodes de lutte afin de gérer durablement ces populations de punaises.

Le suivi des populations
C’est un préalable à toute méthode de lutte, qu’elle soit chimique ou alternative. Suite aux nombreuses expériences réalisées ces dernières années dans les différents bassins de production, nous disposons aujourd’hui de pièges relativement efficaces qui nous permettent de bien suivre les populations de punaises diaboliques, et notamment de déceler la présence des jeunes larves. Il s’agit de pièges à phéromones qui utilisent la phéromone d’agrégation TRECE. Deux pièges aux performances comparables existent : le piège Diablex (ex Rescue) et le piège Shindo. Si vous posez des pièges, il est important que celui-ci soit en contact avec de la végétation, un fil de palissage ou directement sur le sol afin de pouvoir piéger des larves, celles-ci ne volant pas et se déplaçant uniquement en marchant. Des frappages réguliers peuvent également permettre de suivre les populations. Sur la région, dans le cadre du BSV, 15 pièges Diablex/TRECE nous permettent de suivre les populations de punaise diabolique. Pour compléter ces informations, et avoir un caractère prévisionnel, les travaux de modélisation initiés par les Canadiens (CIPRA) et par les Américains (Nielsen) ont été repris par différents collègues (INRAE, Bureau Interprofessionnel du Kiwi, Chambre Régionale d’Agriculture de Savoie…) afin de les valider dans nos conditions. Le BIK, notamment, a suivi en laboratoire la maturité ovarienne de femelles de punaises afin de déterminer les périodes de pic de ponte et de valider les modèles. Les prévisions issues de ces modèlent sont diffusées par le BIK et via certains réseaux de stations météo (TCSD…). Pour 2023, les modèles prévoient l’apparition des premières larves cette semaine. A l’heure où nous écrivons cet article, nous n’avons pas encore observé de larves en verger, ni dans les pièges. Mais les piégeages ont débuté sous abris froid en maraichage.

                       Photo CA82

 

Julie Cadot, Jean-Louis Sagnes, Chambre d’agriculture 82

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09 juin 2023

 Des expérimentations qui répondent aux attentes des producteurs

L’assemblée générale du CEFEL s’est tenue le 19 avril, sous la présidence d’Yvon Sarraute, en présence des adhérents et partenaires de la SICA. Retour sur l’année 2022 et les perspectives pour 2023 au fil des rapports…

Sébastien Ballion, directeur adjoint du CEFEL et ses collègues de l’équipe technique, Jean-François Saint-Hilary, Vincent Vallejo, Ghislaine Monteils, Camille Marzorato, Pascale Westercamp et Françoise Leix-Henry se sont relayés pour présenter « les brèves de l’expérimentation 2022 » concernant les différentes espèces travaillées au CEFEL.

L’expérimentation

En pomme, afin d’optimiser les stratégies d’éclaircissage, le CEFEL travaille sur une cartographie de la charge en fruits réalisée à partir d’un passage caméra « qui prend des milliers de photos ». Pour la tavelure, un bilan a été présenté sur les essais de stratégies sans produits CMR. Un focus a été fait sur les conditions de conservation des pommes en lien avec le contexte climatique de l’été 2022. Pour la prune, il a été question de la lutte contre le Phytopte à Galle et, dans le cadre de la mesure non destructive de la qualité, un essai portant sur la relation entre la teneur en matière sèche et l’évolution en conservation a été présenté. Concernant la cerise, l’expérimentation portant sur la combinaison de méthodes de lutte contre Drosophila suzukii a été exposée. Le melon a été abordé au travers des essais de lutte contre la bactériose ainsi que de sensibilité variétale à la bactériose. L’ail a fait l’objet d’un focus sur les essais liés à la pourriture blanche « souvent présente dans les parcelles et sur laquelle nous sommes démunis ». Enfin, pour le raisin, ce sont les essais conduits sur les bâches anti pluie qui ont été évoqués. Toutefois, leur efficacité n’a pu être correctement évaluée en 2022… faute de pluie.

Ce tour d’horizon s’est terminé par une information sur le Plan alternatives d’urgence phytosanitaire Fruits et Légumes aux termes duquel 21 usages, sur l’ensemble des usages non ou mal pourvus, ont été retenus. Dans ce cadre, le CEFEL est chargé, seul ou en partenariat, de travailler pour la pomme, sur la tavelure, le puceron et l’hoplocampe ; pour l’ail, sur la pourriture blanche et pour le melon, sur le puceron.

Il a été rappelé par la directrice, Marie-Eve Biargues, que le programme d’expérimentation annuel « tient strictement compte des attentes exprimées » lors des réunions des comités de pilotage propres à chaque espèce « instances essentielles à la pertinence de nos expérimentations ». Naturellement, il en va ainsi pour le programme d’expérimentation 2023, pour lequel les comités de pilotage se sont tenus courant octobre 2022.

Et son financement

Comme il est désormais habituel, la question du financement de l’expérimentation a fait l’objet de développements inquiets, particulièrement en ce qui concerne FranceAgriMer : « Nous sommes conscients qu’il sera de plus en plus difficile de faire financer des projets d’expérimentation utiles à nos producteurs ». Sur les quatre projets déposés en 2022 auxquel le CEFEL a participé en tant que partenaire, « comme nous le craignions, aucun de ces projets n’a été retenu » (il a été précisé que l’un d’entre eux a été tardivement repêché). En termes budgétaires, ce désengagement se traduit par une baisse des subventions FranceAgriMer de 186 000 euros. Les subventions en provenance de la Région Occitanie, de l’Agence de l’eau et du Département de Tarn-et-Garonne sont quant à elles restées stables durant l’exercice clos. Toutefois, le CEFEL reste vigilant quant à l’évolution des subventions de la Région, regrettant qu’aucun nouveau projet n’ait pu être présenté en 2022 dans le cadre de l’appel à projets régional Filières végétales (hors bio).    

Au niveau des investissements, leur montant total pour l’année 2022 s’est élevé à 123 000 euros, portant sur des plantations et les équipements associés (palissage, filets, irrigation) ainsi que des matériels. Le montant prévisionnel des investissements pour 2023 s’établit à 40 000 euros et concerne notamment la rénovation des outils de pilotage et d’automatisation de l’irrigation.

Contexte très changeant et déstabilisant

« Les producteurs de fruits et légumes sont très inquiets. » s’est alarmé le président Yvon Sarraute, énumérant les difficultés rencontrées par les producteurs dans le domaine des intrants, de l’eau, de la main-d’œuvre, de la protection des cultures, de la commercialisation… comme autant d’entraves qui se cumulent.  

Pour alimenter la réflexion, le CEFEL avait invité Vincent Guérin, responsable des affaires économiques à l’ANPP (Association nationale pommes poires) à s’exprimer sur le contexte très changeant dans lequel évoluent les filières Fruits et Légumes et les incidences sur les productions. Un sujet qui l’a amené a successivement aborder la réglementation, la géopolitique, le localisme, le bio, l’inflation sur les coûts de production, le phénomène de francisation…

Françoise Roch a informé l’assistance sur les travaux de prospective réalisés par la FNPF, à savoir une cartographie des risques et une projection des effets du changement climatique en arboriculture fruitière : « c’est indispensable, on plante pour 20 ans ! »

Dominique Forneris


Appel à manifestations d’intérêt (AMI) « Equipements pour la troisième révolution agricole » 

« Producteurs, passez l’info à vos fournisseurs ! »

Françoise Roch a présenté et apporté des précisions sur l’appel à manifestations d’intérêt (AMI) « Equipements pour la troisième révolution agricole » ouvert aux filières fruits et légumes.

Suite au plan de souveraineté fruits et légumes qui a été annoncé par Marc Fesneau au Salon de l’Agriculture, un appel à manifestations d'intérêt (AMI) « Équipements pour la troisième révolution agricole » dédié aux fruits et légumes a été mis en ligne sur le site de Bpifrance.

L’objectif de cet AMI est de recenser tous les matériels qui seront ensuite éligibles lors de l’appel à projets FranceAgriMer de cet été. Cet appel à projets permettra aux producteurs de fruits et de légumes de bénéficier d’une aide à l’investissement, en lien avec la transition agroécologique.

L’enveloppe budgétaire dédiée provient du Plan France 2030, a-t-elle précisé.

 

Afin d’établir la liste la plus exhaustive possible de matériels éligibles, Françoise Roch a invité les producteurs de fruits et légumes à contacter leurs fournisseurs*, y compris les pépiniéristes : c’est à eux qu’il appartient de déposer leur dossier sur le site de Bpifrance.

*Tout fournisseur de matériels ou équipements en lien avec :

  • La plantation d’un verger (piquets, filets, plants...)
  • L’irrigation des parcelles 
  • La lutte antigel (tours à vent, aspersion ...) 
  • Le travail du sol 
  • L’application des traitements phytosanitaires (atomiseurs...)
  • La mécanisation (plateforme, calibreuse, etc.) 
  • Les chambres froides
  • etc.

Tout matériel qui n’aura pas fait l’objet d’une demande préalable par le fournisseur ne pourra pas faire partie de la liste des matériels éligibles à l’aide à l’investissement gérée par FranceAgriMer, a-t-elle insisté : « Producteurs, passez l’info à vos fournisseurs ! »

Voici le lien à communiquer aux fournisseurs pour déposer les dossiers avant le vendredi 12 mai 2023 à 12h00 :

https://www.bpifrance.fr/nos-appels-a-projets-concours/appel-a-manifestations-dinteret-equipements-pour-la-troisieme-revolution-agricole