Fruits à pépins : bilan phytosanitaires 2023 et perspectives 2024

En 2023, c’est le puceron cendré qui, encore une fois, nous a posé le plus de soucis. Pas loin derrière, nous re-trouvons la tordeuse orientale … et le black rot pour les producteurs de Chantecler. Et, faute de nouveautés et, parfois, de vraies solutions « chimiques », nos stratégies de lutte doivent de plus en plus intégrer des méthodes de luttes « alternatives » pour rester durables et performantes. Le puceron cendré a été mal maîtrisé dans de trop nombreuses situations, un peu comme en 2021 et en 2019… malgré des stratégies de lutte chimique qui se sont renforcées années après années pour faire face à la pénurie de solutions curatives efficaces…et à la baisse d’efficacité de certain produits. Petit retour sur le déroulé de la saison 2023.

Des repiquages de cendré incontrôlés :
A la fin avril, après 2 à 4 interventions pré florales, la situation en verger semblait saine dans les vergers conventionnels. Alors que nous observions la présence de quelques foyers dans les vergers AB, après, le plus souvent, 2 applications d’huile et une d’Azadirachtine. Puis, dans un certain nombre de parcelles en conventionnel, la situation s’est dégradée à partir de début voire mi-mai, quelques jours après les applications de MOVENTO. Il est assez surprenant de noter que, dans d’autres parcelles, les mêmes schémas de protection sur les mêmes variétés donnaient d’excellents résultats. (Ce constat nous laisse craindre des problèmes de baisses d’efficacité de cette spécialité sur certaines populations de pucerons). Surtout dans les parcelles en conventionnel Pendant ce temps, sur les parcelles en AB, la situation a eu tendance à s’assainir après la seconde application d’Azadirachtine. Et à la fin mai, le puceron était globalement plutôt mieux maîtrisé en AB qu’en conventionnel. Que conclure de tout cela ? Sans doute que nos vergers conventionnels, souvent poussants et vigoureux, sont plus appétant pour le puceron cendré que leurs homologues AB. Sans doute également que les insectes auxiliaires ont plus de facilité à se développer sur les parcelles AB que sur des parcelles en conventionnel qui peuvent recevoir un insecticide par semaine en début de saison. A la fin avril, il était assez aisé de voir des larves de syrphes en verger AB ; … et des pucerons également ! Et nous pouvons également certainement en déduire que, pour améliorer durablement la maîtrise du puceron cendré, la solution ne viendra pas indéfiniment d’une surenchère sur le nombre d’intervention. Celle-ci risquant d’entrainer une éradication de la faune utile, une baisse de la qualité d’application (plus le nombre d’interventions est élevé, plus le 1 rang sur 2 est pratiqué), et une baisse d’efficacité des produits (liée au sous dosage avec les traitements 1 rang sur 2).

Jean-Louis Sagnes, CA82

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