Fourrages Qualité, quantité et évolutions climatiques
La FD Cuma 82 et la Chambre d’agriculture, avec la collaboration des JA du canton de Molières, organisaient mardi 14 juin à Labarthe, une journée consacrée aux fourrages, par une météo de circonstance. Durant la matinée en salle, des exposés proposés par la Chambre d’agriculture visaient apporter des éléments de réponse à la question que tous les éleveurs se posent, à savoir : comment concilier quantité et qualité des fourrages en s’adaptant au ré-chauffement climatique ? Après le repas, le groupe a quitté la salle des fêtes pour se rendre non loin de là sur une parcelle appartenant à Régis Buzenac. Sous l’égide de la FD Cuma, il a assisté à des démonstrations de matériels de la chaîne de récolte des fourrages, fauche, andainage et pressage. L’occasion d’aborder la question des coûts des chantiers de fenaison en collectif. La première intervention, par Bernard Lestrade de l’équipe eau et climat de la Chambre d’agriculture, a porté sur le changement climatique en prenant sur le travail réalisé dans le cadre de l’Observatoire Régional sur l’Agriculture et le Changement cLimatique (ORACLE Occitanie) et en axant son propos sur notre département. Dans un premier temps, il a relaté « ce qui s’est déjà passé » sur Montauban sur la période 1959-2019, notamment l’augmentation de la température moyenne annuelle de + 0,30°C par décennie, soit + 1,80°C en 60 ans. Le nombre de jours dont la température est supérieure à 30°C au printemps a augmenté de 7,2 jours en 60 ans, impliquant un risque d’échaudage accru. L’évolution des précipitations n’a pas été significative, (même si l’on relève une légère baisse en juillet et septembre) mais doit être mise en relation avec l’augmentation des températures et donc des besoins en eau. « ça a déjà changé et ça va continuer à changer ! » résumait-il en guise de transition, avant d’aborder les projections sur la base du scénario médian du GIEC. Dans un futur proche, à horizon 2050, Montauban aurait des températures semblables à celles que connaît Lézignan-Corbières et, dans un futur lointain, après 2071, elles seraient comparables à celles de Barcelone. Bernard a ensuite abordé les indicateurs agro-climatiques destinés à répondre à la question cruciale de l’anticipation des adaptations nécessaires, notamment autour de l’avancement des stades végétatifs : par exemple la date optimale de mise à l’herbe va encore avancer d’une semaine d’ici la fin du siècle et le stade optimal des récoltes devrait avancer de deux semaines. Et une discussion nourrie s’est engagée entre conseillers et éleveurs sur les changements de pratiques d’ores et déjà opérés : « En bovin allaitant, on sort les vaches plus tôt. » ; « On fait l’ensilage plus tôt. » ; « Il vaut mieux être en avance sur l’herbe que lui courir après. » Son collègue Corentin Durand, technicien bovins viande, a présenté un exposé sur les espèces fourragères. Dans le large choix d’espèces et de variétés à disposition des éleveurs, quels sont les critères de sélection à regarder ? En fonction de la destination (ensilage ou foin), de ses sols, de la vitesse d’implantation, de la stratégie de récolte, du début d’épiaison-montaison, de la sensibilité à la rouille et au sclérotinia, une variété diploïdes ou tétraploïdes (exploitation en fauche ou pâture)... Il a été conseillé de viser une association d’espèces et de variété pour « assurer la ration » en visant l’appétence, la valeur énergétique et la valeur azotée « qui manque souvent dans les rations ». Les valeurs alimentaires sont validées par analyse de fourrages, chimique ou infrarouge : « Ces analyses permettent de savoir si on fait de la qualité et d’évoluer. »
Pour terminer, Corentin a présenté le GIEE FOURRAGES 82 qui a démarré cette année et dont il assure l’animation technique. La volonté du groupe d’éleveurs est de travailler sur cinq axes : autonomie fourragère, autonomie protéique, gestion des prairies à flore variée, adaptation des systèmes pour stocker plus de carbone et simplification du travail pour réduire la pénibilité et améliorer la sécurité. « A terme, l’idée est d’arriver à se faire ses propres mélanges. » Thibault Viguié, du service bovins lait est intervenu sur la valeur alimentaire et le stade de récolte. « La récolte est un compromis entre qualité et quantité. » a-t-il d’emblée posé. Il a ensuite présenté les différents types de matériels de récolte, dont des animaux : « celui qui coûte le moins cher ! » Il a enchaîné avec des rappels techniques, toujours utiles, sur la fauche, le séchage, le fanage, l’andainage et, pour l’étape stockage, l’ensilage, le pressage et l’enrubannage. Il a fait un focus sur le risque butyrique et la contamination par le sol des fourrages. Un complément d’information a été apporté par Groupama sur la prévention du risque incendie lors du stockage du foin : « Tous les ans, nous avons des sinistres ». Les sondes connectées ont été présentées au public, ainsi que leur intérêt : « L’an dernier, six incendies ont été évités sur le Tarn-et-Garonne. »
Dominique Forneris