Publié le 24 janvier 2024
Mouvement agricole :
reprendre notre destin en main
« On marche sur la tête ! » avaient alerté les agriculteurs en novembre dernier, multipliant les actions sous ce slogan éloquent jusqu’à la fin 2023. Et les reprenant dès le début de cette année. Le 16 janvier, ils ont été très nombreux à converger vers Toulouse, à l’appel de la FRSEA Occitanie et de JA Occitanie qui ont pu se féliciter d’une mobilisation historique, annonçant près de 500 tracteurs et 2 000 agriculteurs, à la mesure de l’exaspération dont la profession bouillonne, et en écho à la contestation qui déferle dans plusieurs pays européens. Le Tarn-et-Garonne était au rendez-vous, apportant un contingent honorable à ce rassemblement régional.
Les manifestants comptaient fermement être enfin entendus sur les revendications qu’ils martèlent sans relâche et de longue date auprès des décideurs : l’impact de la MHE, la hausse de la fiscalité sur le GNR, l’inflation sur les intrants, la préservation des moyens de production (eau, phytosanitaires…), l’accumulation normative qui accable… Il s’agit d’enrayer l’érosion de la compétitivité de l’agriculture, de la rentabilité des exploitations, de l’attrait du métier pour éloigner le spectre de la disparition collective. « Paysan, c’est quoi ? C’était avant ! » a-t-on pu entendre. Et ça n’a fait rire personne… Ou, dans une version plus positive, « Il faut reprendre notre destin en main. »
Jacques Bes, de la FDSEA 82 lançait devant le bâtiment du Pôle de transition écologique qui abrite l’Agence de l’eau Adour-Garonne et l’OFB, une fois les déversements terminés : « On attend des réponses cet après-midi, si on ne les a pas, on continuera le temps qu’il faudra. Dans le Tarn-et-Garonne on a tenu 10 jours ! (allusion au mouvement pour le maintien des zones défavorisées de 2018 ndlr) » Paroles prémonitoires !
La délégation reçue par le préfet de Région, le DRAAF, le DREAL et le directeur de l’Agence de l’eau relatait, par la voix de Romain Deloustal, président de JA Occitanie : « Une longue réunion très tendue au cours de laquelle les représentants agricoles n’ont rien lâché mais des annonces maigres. » Philippe Jougla, président de la FRSEA Occitanie s’en faisait le porte-parole. Sur la MHE, il a estimé que la délégation avait été entendue mais a déploré la lenteur des décisions et posé un ultimatum au 23 janvier ; sur l’eau, le report de la hausse des redevances sur le bassin Adour-Garonne a été obtenue pour 2024 ; sur la directive nitrate, il n’y aura pas d’application cette année et une dérogation à l’implantation de couverts végétaux en zone vulnérable a été obtenue. « Ce n’est que le début d’un combat qui se finira au Salon de l’agriculture. » a-t-il conclu. Alors que des voix s’élevaient de la foule des manifestants rassemblée place du Capitole : « Les tracteurs restent sur les routes. » Ce soir-là, ils n’ont pas docilement regagné leur ferme, bloquant les accès aux autoroutes et à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, où les tarn-et-garonnais étaient en tête. Et les jours suivants, ils en sont sortis, dans notre département à Montauban, Castelsarrasin, Golfech…, partout en Occitanie et ailleurs. Une épreuve de force avec les pouvoirs publics, jusqu’où ? jusqu’à quand ?
Dominique Forneris