Maïs semence : Une campagne 2022 éprouvante  
et des incertitudes pour 2023

 

Les producteurs de semences de maïs du Quercy et leurs partenaires étaient réunis à l’occasion de l’assemblée générale du SPSMQ le 29 mars à Négrepelisse, sous la présidence d’Alain Durade et en présence de Benoît Laborde, président de l’AGPM maïs semences. Retour sur une année 2022 de rupture, révélatrice des interrogations qui pèsent sur 2023. « L’an dernier, j’étais heureux de vous annoncer une année exceptionnelle à 112% des objectifs techniques et un produit moyen à 5 400 euros/ha. Je vous souhaitais une campagne 2022 bien arrosée, bien ensoleillée et des résultats à la hauteur de vos investissements. J’étais loin d’imaginer ce qui nous attendait : le dérèglement et l’envol du cours des céréales, la hausse des coûts des charges, des conditions de travail dantesques, un épuisement total et une rémunération globalement déconnectée des besoins de nos exploitations. Comme toujours, vous vous êtes investis totalement et malgré cela les résultats ne sont pas au rendez-vous ; un même réseau qui passe de 112% des objectifs à 65%, du jamais vu pour notre syndicat. »

2021/2022 : le grand écart
En quelques phrases, les premières de son rapport moral, le président Alain Durade a résumé l’année 2022, et mis en évidence « le grand écart » avec 2021 qui fait d’ailleurs la une du rapport remis aux participants : 112% et 42 qtx versus 65% et 25 qtx « plus faible qu’en 2003 ! » Le rapport technique et économique du SPSMQ, présenté en amont par le technicien du Syndicat Didier Alcouffe avait donné les éléments : « Ce n’est pas le meilleur qu’on ait connu ! » Après avoir donné les éléments techniques (lire encadré), il en venait au contexte climatique « pire que 2003 » avec notamment trois vagues de canicule avec des pointes supérieures à 35°C lors de phases sensibles du cycle du maïs et une attaque d’acariens « jamais vue ». Le résultat est sans appel : « Environ 1/3 des surfaces n’ont pas atteint 50% de l’objectif technique et seulement 1/3 est au-delà de 75% ». Le Tarn-et-Garonne, avec ses 212 producteurs pour 4 675 ha se situe à 63% du rendement objectif, seule la vallée du Tarn fait exception en atteignant 90%. Le produit brut estimé base fertile se situe à 4 915 euros, résultant de l’accord de prix et de l’intervention des caisses de risques ainsi que des établissements. La production totale est de 136 629 qx, le rendement moyen de 25 qx, en baisse de 41 % par rapport à l’année 2021. Le prix moyen d’achat par quintal s’établit à 184,88 euros. Des résultats commentés par Alain Durade : « Les échanges avec nos différents partenaires ont été nombreux et des gestes ont été faits vers le réseau et nous les en remercions. Ces gestes étaient indispensables pour la pérennité de la production. Avec l’ensemble des leviers existants, nous finissons à 96% des objectifs économiques. » Le président du SPSMQ a une nouvelle fois incité les producteurs à s’assurer : « Il y a encore 2 000 ha non assurés, c’est quand même dommage ! ». Une exhortation également reprise par le président national Benoît Laborde : « Assurez-vous, c’est moins de stress ! ». Ce dernier est revenu sur le contexte européen et national de la campagne 2022, marquée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine et des conditions climatiques extrêmes. Dans l’Union européenne, 177 000 ha ont été multipliés, une surface en recul de 5 points. En France, la surface de multiplication est restée quasiment stable avec 84 500 ha, alors que les autres pays (à l’exception de l’Allemagne et de l’Italie) ont connu une diminution, notamment la Roumanie et la Hongrie. La France, avec 48% des surfaces implantées, conforte sa position stratégique pour les semenciers. Sécheresse et températures exceptionnellement élevées ont impacté les rendements et conduit à un résultat technique de 70%, historiquement bas. La situation est identique dans le reste de l’Europe. Les stocks sont au plus bas et les perspectives de production pour 2023 « mériteraient d’augmenter les surfaces de multiplication » Toutefois, face à l’explosion des coûts de production, aux fortes incertitudes sur l’accès à l’eau et « après une année 2022 très stressante, le réseau français s’interroge » et l’on s’oriente vers une baisse des programmes de multiplication en France comme dans l’UE. Et d’annoncer « une perte potentielle de 11 à 15% des surfaces ». Avant de conclure : « Le réseau français ne produira pas tout, mais tout ce qu’il peut ! ».

L’eau, LE sujet 2023
Localement, les producteurs rencontrent ces mêmes préoccupations. Alain Durade a rappelé l’explosion des prix de l’énergie, de l’électricité en particulier, qui aura un impact fort sur les coûts d’irrigation. Mais surtout, « En 2023, le sujet sera l’eau, nous le savons déjà. » Didier Alcouffe a dressé un état des lieux précis de la situation des cours d’eau et réserves. « Nous allons emblaver cette année avec encore plus d’incertitudes que l’année dernière. Si nous sommes dans cette situation, c’est parce que nous n’avons pas suffisamment de capacité de stockage alors même que nous voyons passer beaucoup d’eau. Nous sommes des chefs d’entreprise et nous ne pouvons pas tout mise sur d’hypothétiques orages durant la campagne à venir, nous devons donc raisonner nos as-solements plus que jamais. » Pour conclure, dans le sillon du président national : « 2023 sera sans doute l’année où tous les contrats ne trouveront pas preneur sur notre zone,… encore du jamais vu. »

DF