Bilan phyto Noyaux 2022 :
 La météo déroule le tapis rouge aux lépidoptères

Après les gros dégâts du gel, l’année phytosanitaire 2022 a été plutôt clémente, hormis les dégâts de carpocapse en prune et de suzukii en cerise. Mais la remontée de certains ravageurs comme les punaises est à surveiller de près.

 La météo fait la loi

D’un point de vue climatique, 2022 a été marquée par des épisodes de gel à nouveau très pénalisants début avril. Puis par un printemps-été très chaud et très sec.
Après un démarrage de végétation plutôt précoce mais sans excès, les arbres à noyau se sont retrouvés entre le stade floraison et le stade début nouaison au moment des gelées de printemps. Les nuits des 3, 4 et 5 avril, les températures sont descendues jusqu’à -6°C par endroits. Pour la 2e année consécutive, des secteurs entiers sont gelés à 100% en fruits à noyau. Certaines zones du département ont eu un degré plus chaud que l’an dernier et ont réussi à sauver une récolte, grâce aussi à de meilleures protections. De nouveaux secteur (coteaux de Moissac, Durfort Lacapelette, Saint Nazaire de Valentane…), réputés hors risque gels même en 2021, ont été à l’inverse très touchés. Et enfin, certains producteurs ont par endroits perdu l’intégralité de la récolte pour la 2e année de suite. Au final, on estime la production à environ 50-55% d’une récolte normale en 2022, tout comme en 2021.
Pour les producteurs qui avaient sauvé leur récolte du froid en avril, il a fallu s’adapter ensuite à la chaleur et la sécheresse excessive de mai à août. Les températures ont sur cette période été en moyenne de 2,6 degrés supérieures aux normales de saison. Sur ces 4 mois il n’est tombé (à Montauban) que 104mm de pluie contre 240mm en année normale.
D’un point de vue phytosanitaire, ces conditions météo quelques peu extrêmes ont d’abord avancé les récoltes précoces, puis bloqué les arbres pour ralentir les récoltes tardives. Le gel a laissé des traces de russet sur fruits et la chaleur a fait grimper les taux de sucre. La météo a également été favorable à certains bio-agresseurs et défavorable à d’autres. Retour en image sur la sélection officielle 2022…

 Les opportunistes

 La palme d’or revient cette année au carpocapse sur prunier qui a su tirer parti des conditions météo particulières au printemps. C’est la pression la plus forte de ces 10 dernières années pour ce ravageur en fréquence et en intensité (une majorité de parcelles avec présence, avec des intensités allant de quelques traces à des dégâts jusqu’au 30 ou 40% des fruits). Nous nous étions habitués à ce que le carpocapse ne réalise presque jamais de façon optimale sa première génération, et à ce que les stratégies phytosanitaires ajoutées à la confusion sexuelle suffisent à le faire oublier. Mais en 2022, le premier vol et les premières pontes de carpocapse se sont déroulées dans les conditions parfaites : chaleur au crépuscule favorable au vol, à l’accouplement, aux pontes et aux éclosions ; et quasi absence de pluie sur la période (à peine 5 jours de légère pluie sur 1,5 mois). En plus de ces conditions favorisantes, l’absence du produit le plus efficace utilisé jusque-là (Coragen) n’a pas aidé pour contenir en G2 et G3 les fortes populations engendrées en G1. Si les printemps chauds et secs venaient à se répéter ainsi, il faudra savoir évaluer précocement le risque pour adapter la lutte. Mais sans non plus tomber dans l’extrême en réponse à 2022 en systématisant le renforcement des interventions.
 D’autres ravageurs ont également profité des conditions chaudes et sèches qui sont de façon générale favorables aux insectes. Ce fut le cas notamment des acariens dans une moindre mesure. Mais on a aussi noté des dégâts atypiques d’insectes (guêpes, frelons, forficules et même fourmis, chenilles diverses ou cantharides) qui ont trouvé refuge de façon opportuniste dans les vergers irrigués, moins chauds et moins secs que leur environnement.

 Marie Dordolo, Conseillère arbo Chambre d'agriculture 82

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