Publié le 1er septembre 2025 

LA VALSE DES BIO-AGRESSEURS
Partie 2 : les fruits à pépins sous pression

Dérèglement climatique, échanges commerciaux à l’échelle mondiale, plus grande sélectivité des méthodes de protection et disparition de certaines couplé à une évolution des pratiques culturales : autant de facteurs qui favorisent l’émergence de nouveaux bioagresseurs dans les vergers de fruits à pépins. Ravageurs et maladies autrefois anecdotiques deviennent préoccupants, tandis que d’autres, comme certains acariens, sont désormais bien maîtrisés grâce à la régulation naturelle. Tour d’horizon des principales menaces montantes.

Bio agresseurs émergents : des profils variés

Face à ces bouleversements, plusieurs bioagresseurs, parfois inconnus il y a encore quelques années, s’installent progressivement dans les vergers. Certains changent de comportement ou apparaissent dans des régions inédites. 

  • La punaise diabolique (Halyomorpha halys) : l’ennemi n°1


Détectée en Alsace en 2012, cette punaise invasive d’origine asiatique a depuis colonisé l’ensemble du territoire français. Très polyphage, elle s’attaque à plus de 70 espèces végétales. Tous les stades (larves et adultes) peuvent provoquer des dégâts sur fruits, rendant une partie de la récolte incommercialisable. Elle est présente dans nos vergers de poiriers, pommiers, kiwis mais aussi sur les fruits à noyaux (pêche, cerise, nectarine, prune) et bien évidemment en noisette. Avec 2 générations annuelles, la problématique est que tou les stades (larves et adultes) provoquent des dégâts et sont présent une bonne partie de l’année. Nous avons pu observer des dégâts important en pomme en 2022. Pour l’instant, les stratégies reposent sur la fermeture des filets insectproof (meilleurs résultats à ce jour) ou sur l’utilisation d’insecticides, qui semblent peu efficaces. Nous connaissons encore mal sa dynamique spatiale dans l’environnement et comment elle se déplace d’une culture à l’autre pendant la campagne.

Le problème majeur ? Cette espèce a été introduite sans ses ennemis naturels, notamment les parasitoïdes oophages (petites guêpes qui parasitent ses oeufs), présents en Asie. Faute de régulation naturelle, les premières années peuvent être critiques. Des lâchers expérimentaux de parasitoïdes ont récemment été réalisés en Nouvelle-Aquitaine. Une piste d’espoir pour réguler les populations dans les années à venir.

Sur le réseau d’observation de la CDA82 (servant à la réalisation du BSV et des bulletins techniques) composés de l’ensemble des techniciens arbo du département, la punaise diabolique est observée depuis 2019 sur notre territoire. En 2022, nous avons observés une augmentation très significative des dégâts, principalement sur pomme (x 10 par rapport à 2021), en partie lié à la canicule de 2022. Depuis, les populations sont toujours importantes, mais les dégâts bien en deçà de 2022. En pomme, ce sont principalement les variétés les plus tardives qui sont touchées, mais c’est très souvent lié à un environnement favorable à la punaise (ripisylves, proximité avec de grandes cultures attractives ; soja, sorgho, tournesol …).

  • Anthonomes du pommier (Anthonomus pomorum) et du poirier (Anthonomus pyri)

Ces petits coléoptères de la famille des charançons reviennent en force, notamment dans les vergers biologiques. Les dégâts passent souvent inaperçus, surtout lors de floraisons abondantes, mais ils peuvent entraîner des pertes importantes. La vigilance est donc de mise dès le stade bouton rose.

Il est important de connaitre les dégâts pour pouvoir les repérer ; en pomme, on observe des fleurs qui restent fermées, entrainant une forme caractéristique de « clous de girofle ». De plus, cette espèce ne réalise qu’une génération par an ce qui repousse la lutte à l’année n+1 après la détection des dégâts. Des frappages au stade B/C peuvent être réalisés afin de détecter sa présence.

Julie Cadot
Chambre d’agriculture 82

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