Publié le 3 mai 2024

ALMA/GDS : un outil sur lequel les éleveurs peuvent s'appuyer
Focus FCO/MHE

L’ALMA/GDS de Tarn-et-Garonne a tenu son assemblée générale le 19 avril dans ses locaux, cité de l’agriculture à Montauban, sous la présidence de Jean-Philippe Viguié. L’occasion de revenir sur les actions sanitaires conduites en 2023 et d’évoquer les sujets de préoccupation d’actualité. Corinne Anthonioz, directrice du GDS a présenté le bilan des actions sanitaires concernant d’abord les maladies réglementées. En ce qui concerne la B.V.D. elle a fait remarquer une trajectoire positive sur les trois dernières années. Pour l’I.B.R. malgré une nette augmentation du taux de qualification indemne sur ces 10 dernières années, la fin de l’assainissement sur le département reste plus difficile sur les deux/trois dernières années : « Encore 194 bovins positifs sur le département de Tarn-et-Garonne ! (au 19 avril 2024). Le statut France indemne IBR est prévu pour 2027, et un durcissement des règles est à venir pour les cheptels ayant encore un statut non indemne. Au niveau de la prophylaxie, 98 éleveurs sont engagés dans le programme paratuberculose et 79 dans l’action néosporose.»

Grâce aux aides du Conseil Départemental sur les analyses, une augmentation des contrôles à l’introduction a été observée en 2023 et le GDS espère maintenir cette pratique sur les années à venir, notamment avec le maintien d’une prise en charge totale du « Kit Intro » fait au laboratoire de Montauban (BVD, Neospo-rose, Paratuberculose et Besno-itiose). Au titre de la tuberculose, maladie réglementée, il n’y a pas eu de foyer en 2023. C’est la dernière année pour les trois communes rajoutées en surveillance renforcée suite au foyer de 2020, cependant la surveillance reste de mise dans la zone tampon limitrophe du Lot-et-Garonne. En ce qui concerne les petits ruminants, et pour la brucellose, la prophylaxie obligatoire reste inchangée. Pour la Border Disease, il a été rappelé l’existence d’un programme de surveillance volontaire. Dans le cadre de la section apicole, les huit TSA ont effectué 19 visites dans le cadre du PSE. Le renouvellement du représentant de cette section est en cours. La section équine a poursuivi la mise en œuvre des deux prestations proposées, à savoir l’aide à l’identification des poulains et la mutualisation des frais d’équarrissage.

Grippe aviaire : la transmission à l’humain surveillée
Enfin, la section avicole a permis à ses adhérents de bénéficier d’aides financières sur les tarifs du laboratoire vétérinaire départemental pour les analyses liées à l’Influenza aviaire et salmonelle. Fanny Ralambo, directrice adjointe de la DDETSPP est alors intervenue pour indiquer d’abord que la vaccination des canards « marche bien ». Elle a également complété les propos du président Viguié sur les craintes de transmission de l’animal à l’homme en présentant le protocole de surveillance SAGA qui vise à renforcer la surveillance des personnes exposées et acquérir des connaissances sur les éventuels cas de transmission. Elle poursuivait en se félicitant du bon état sanitaire du cheptel départemental : « il faut le dire, le faire savoir ». Toutefois, les inquiétudes présentes et pour l’avenir se nomment FCO et MHE, maladies qui ont été documentées lors de l’assemblée. (lire encadré ci-contre) Jean-Philippe Viguié s’est naturellement fait l’écho de cette double peine dans son rapport moral : « Ainsi, notre département a été comme pris entre deux vagues, la FCO d’une part et la MHE de l’autre. Maladies cousines portées par les mêmes vecteurs elles sont venues frapper nos élevages. Humbles, nous devons l’être. Car dans un cas nous n’avions aucun moyen de nous protéger de la maladie, tout juste pouvions-nous la ralentir au prix du blocage de la très grande majorité des élevages de notre département. Et dans l’autre cas tout en ayant depuis longtemps un vaccin disponible nous n’avons pas su ou pas pu protéger à temps nos troupeaux contre une maladie que l’on croyait devenue endémique et inoffensive… Pour comprendre ce qui nous arrive la recherche est primordiale. Je pense aux projets en cours sur la MHE sur le département en particulier… » Et de conclure : « J’ai le grand plaisir de pouvoir dire qu’avec l’ALMA, les éleveurs du département disposent d’un outil qui marche sur qui s’appuyer pour préparer demain. » a-t-il conclu.

Dominique Forneris

FCO/MHE

Le changement climatique et le commerce mondial croissant augmentent nettement le risque d’apparition de maladies virales. Notre département a vu cette année deux maladies le frapper la FCO et la maladie hémorragique épizootique (MHE). Ces maladies sont issues de virus cousins et partagent le même vecteur partagent une variété d'hôtes de ruminants domestiques et sauvages, notamment les bovins, ovins, et cervidés. Le virus de la MHE (EHDV) est capable de muter pour s’adapter à son environnement ce qui induit des difficultés pour connaître son impact sur nos animaux. Ainsi le virus de la MHE qui a provoqué des épisodes cliniques en Afrique du Nord en 2020 est remonté en Espagne à partir d’Octobre 2022 pour arriver en France en Septembre 2023. L’apparition très récente de l’EHDV dans notre pays a poussé de nombreuses structures (ANSES, ENVT, GDS, Institut de l’élevage…) à explorer les conséquences de cette émergence. Plusieurs études sont en cours. D’abord une étude destinée à trouver des solutions pour pouvoir exporter des animaux ayant une PCR positive. Menée en partie sur un cheptel du département l’idée est de démontrer qu’au bout d’un certain temps un animal ayant eu une analyse positive n’est plus contaminant et peut circuler. Une autre étude menée grâce au soutien de GDS France et pilotée par l’ALMA cherche à évaluer le nombre de bovins ayant une analyse positive en sérologie dans les cheptels ayant déclaré des animaux malades et leurs voisins. En effet on peut considérer que ces animaux auront acquis une immunité pouvant les protéger contre la MHE pour l’année à venir. Trois zones géographiques sur le territoire français (zone du Piémont pyrénéen initialement touchée, zone de fin de progression ayant recensé les foyers les plus récents au Nord et zone intermédiaire) ont été choisies. Le but est de corréler le nombre d’animaux séropositifs avec le nombre d’animaux ayant été malades dans le troupeau. Une estimation du nombre d’animaux séropositifs dans un troupeau permettrait notamment d’estimer l’acquisition d’une immunité potentiellement protectrice et anticiper la future reprise de l’activité vectorielle au printemps. Le dépistage sérologique est réalisé dans les départements suivants : • Zone du Piémont : départements Pyrénées Atlantiques, Hautes-Pyrénées et Ariège • Zone intermédiaire : départements Tarn-et-Garonne et Lot-et-Garonne • Zone de fin de progression : départements Deux-Sèvres, Vendée, Loire-Atlantique Les analyses sont toujours en cours mais les résultats préliminaires montrent déjà des résultats très intéressants. D’abord il y a nettement un gradient entre les zones. Ce sont les cheptels de la zone du Piémont qui sont les plus touchés alors que les foyers déclarés dans la zone de fin de progression ne possèdent que peu ou pas d’animaux malades. Ceci peut être lié au temps de présence de vecteurs infectés sur le territoire mais aussi aux conditions locales (terrains plus humides en particulier). Pour notre département en moyenne seulement 12-15% des bovins au sein d’un troupeau ont connu un passage de la maladie. Ces résultats ont été obtenus sur des troupeaux déclarés foyer ou non, situés dans des zones frontalières avec la Haute-Garonne, le Gers et le Lot-et-Garonne. Ce qui veut dire qu’il n’y a dans ces troupeaux uniquement 12 à 15% des animaux qui sont protégés contre la maladie. Dans ce contexte, il est difficile de prévoir ce qui va arriver dans les semaines à venir… la surveillance des animaux reste primordiale pour détecter les premiers signes et soigner le plus tôt possible. A noter, que le FMSE (Fond national agricole de Mutualisation du risque Sanitaire et Environnemental) prendra le relais de l’Etat sur 2024 pour la prise en charge des indemnisations des foyers. N’hésitez pas en cas de suspicion (œdème, boiteries, amaigrissement, rougeurs du mufle, avortement…) de contacter l’ALMA ou votre vétérinaire et de faire les analyses nécessaires. Nous vous alertons sur le fait que des suspicions sont en cours sur la zone Caylus/Saint-Antonin. Il est à noter ensuite qu’il y a une très grande variabilité entre les troupeaux dans notre département : un troupeau foyer avec 1 ou 2 bovins malades ne peut avoir que 5% du troupeau immunisé alors qu’un troupeau non foyer n’ayant pas eu de signe clinique peut présenter une réaction immunitaire sur jusqu’à 77% du troupeau. Et ce quelle que soit la zone analysée. Ce qui veut dire que la réaction d’un cheptel face à la maladie est très variable. Ceci doit nous amener à réfléchir profondément à la façon dont nous menons nos troupeaux et comment nous les préparons à l’avenir. Certains troupeaux voisins verront un impact complètement différent de la maladie. Nous devons travailler l’immunité et l’état de santé global de nos animaux face aux incertitudes que nous réservent les maladies vectorielles demain.

Alma/GDS